david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

mercredi 12 février 2014

Helvètes, immigration, révolution



  Un vote du peuple helvète,  nommé en langue suisse votation, mais j'écris ici en langue française, vient d'imposer aux allogènes certaines contraintes quant à leur entrée, leur séjour et leurs activités sur le territoire de cette vieille république et démocratie.
   Ce vote a fait pousser des cris d'orfraie, ainsi que des glapissements outrés, à la trop habituelle cohorte des gens de medias, politiciens et chercheurs, cris et glapissements enrobés de doucereux mensonges, déformations et autres inexactitudes; heureusement, de sages éditorialistes, tels M. Didier Goux, ont révélé, de cette vox populi, les mobiles, son sens, et ses probables effets (qui ne concernent guère les frontaliers apportant le concours de leur industrie aux manufactures horlogères Vacheron-Constantin ou Breguet).
  Ainsi revient au premier plan d'une actualité qu'elle n'avait pourtant que peu déserté, la question de l'immigration.
   Une nation occupe un territoire et est constituée d'un ensemble d'individus nommés citoyens; ce territoire est la propriété de la nation, acquise par l'Histoire et d'anciens traités, et cette propriété est exercée , en droit et en fait, par M. Etat, à qui les citoyens en ont confié la gestion (ce ne fut pas une bonne idée).
   Il semble être dans la nature des choses que le propriétaire d'un territoire autorise comme il veut qui il veut à venir se promener chez lui ou s'y établir, il est également légitime que ce propriétaire refuse à qui il veut la permission d'entrer chez lui ou y séjourner, parce que la tête de l'autrui sonnant à sa porte ne lui plaît pas, ou parce qu'il estime ne plus avoir de place, peu importe : il exerce son droit, un droit absolu, et n'a pas à s'en expliquer, encore moins s'en justifier.
  Bref : M. Etat, ou le gouvernement, ou le peuple souverain, peut très légitimement ouvrir ou fermer ses frontières à qui il l'entend.
  Deux faits ont compliqué cette simple affaire.
   D'une part, en ancienne Gaule, M. Etat a signé un certain nombre d'accords, pactes, traités etc. avec d'autres MM. Etat dont l' effet, moins bienfaisant que prévu, est d'obliger notre M. Etat  à se conformer aux diktats ou bons plaisirs des autres M. Etat qui l'obligent à transformer ses frontières en passoire. Ainsi, par ces accords etc. notre M. Etat a aboli la propriété de la nation (les citoyens) sur son propre territoire.
  Il ne semble pas que ce point ait été clairement expliqué naguère aux citoyens, et beaucoup d'entre eux se plaignent, aujourd'hui et tardivement, de ses conséquences.
  D'autre part, il se trouve que l'actuel Président soit, ainsi que l'ont été ses prédécesseurs, fort enclin à se satisfaire de cet abandon de souveraineté (propriété) et même désireux de l'étendre à qui, venu de terres exotiques, souhaitera s'en emparer.
    Mieux, des lois ont été votées afin d'expédier au bagne quiconque rappellerait de vieux adages tels que "charbonnier est maître chez lui" ou "charité bien ordonnée..."
   Et à tout insolent qui envisagerait de traiter la question de l'immigration sous l'aspect du seul droit de propriété d'un peuple sur son sol, seront opposés des accords internationaux supposés clore la discussion, et si l'insolent tentait de hausser le ton, il y a des lois pour le faire taire.
    Quant aux lois organisant le vote du peuple, ou référendum, à l'initiative de ce dernier, elles tissent un ensemble de conditions restrictives et contraignantes telles qu'il eût été plus franc de se dispenser d'en évoquer l'impossible possibilité.
   Ainsi toute remise en question, ou simple évolution, ou même prise en considération de l'affaire de l'immigration se heurte en ce pays à un blocage institutionnel et politique – il arrive qu'un blocage saute sous la pression d'une partie du peuple, cela s'appelle révolution.

3 commentaires:

  1. Une révolution pacifique qui restaurerait la souveraineté nationale serait la bienvenue. Une renégociation serait peut-être suffisante si elle gardait les avantages et supprimait les inconvénients des traités en abandonnant notamment tout projet d'une Europe politique dont j'ai, comme beaucoup, de plus en plus de mal à saisir l'intérêt.

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  2. Révolution pacifique ?
    C'est un oxymore?

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    1. J'aimerais que ce n'en soit pas un. A mon sens, les révolutions violentes ne servent à rien.

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