De même
qu'il fit célébrer avec un peu trop de précipitation le centenaire de l'an
1914, c'est avec vingt-quatre heures d'avance que Président offrit à son peuple la rituelle facétie
du premier avril, en nommant au poste de premier Commis, afin de garder le cap tout en changeant de direction, une sorte de pithécanthrope mal embouché,
doublé d'un pourfendeur méticuleux des dernières libertés individuelles.
Et c'est
sans doute également pour faire rire les citoyens qu'une gazette, propriété
d'un marchand d'aéronefs, qualifia ce sectaire collectiviste de socialiste libéral, figaresque oxymore
qui relève du comique de l'absurde.
Dans le même
mouvement qui voit s'effectuer un chassé-croisé de ministres et ministresses, et
tandis que les larmes des uns ne noient pas les orgasmes victorieux des autres,
la tradition canulardesque fut prolongée par une promesse (présidentielle) de baisse d'impôts --même les petits enfants se sont esclaffés.
A ce tour
d'horizon de l'actualité politique, ajoutons que le parti du Président a remporté les élections municipales, que la nouvelle vienne de Turquie ne doit
pas empêcher qu'elle soit fêtée : une victoire est une victoire.
Un autre gag nous est proposé par le Conseil d'Etat.
Cette assemblée
est composée de quelques juristes
compétents (qui disent le droit, acte
technique dépourvu de tout contenu moral),
de ternes fonctionnaires qui coulent là une existence paisible et sans éclat
(sauf pour écraser le Mbala mbala –qui s'en souvient?), et de copains nommés au tour extérieur, lequel permet à des individus sans emploi de
retrouver une grasse pitance.
Ce Conseil
d'Etat , donc, vient de sommer M. Etat d'augmenter rétroactivement les
factures des citoyens clients d' EDF,
entreprise "privée" cotée en Bourse mais dans la dépendance
étroite de ce M. Etat.
Passons sur
les arguties juridiques (extravagantes) qui tentent de justifier l'entourloupe,
concrétement celle-ci signifie que les abonnés de cette EDF verront leurs
factures d' août 2012 à août 2013 s'accroître de cinq pour cent
(au moins), surplus qu'ils seront contraints de payer sous peine de tout ce
dont peut les menacer la force publique.
Et à qui
avancerait que s'il a acheté une certaine quantité de kilowatts c'est seulement
parce qu'ils étaient à tel prix, que si ce prix eût été plus élevé, il en eût
acheté moins (en diminuant son chauffage, l'éclairage de certaines pièces, en
éteignant son téléviseur, etc.), il lui sera répondu par l'envoi d'un huissier
chargé de saisir son mobilier.
Il est
prévisible que le procédé sera étendu à d'autres biens vendus, plus ou moins
ouvertement, par M. Etat, et que quiconque a pris en 2009 le train pour aller
de Brest à Perpignan s'entendra ainsi réclamer un rappel sur le prix de son
billet --les possibilités ouvertes sont
désormais immenses.
Au moment
où nous mettons sous presse, la journée du 1er avril a encore de nombreuses
heures à vivre, et nous attendons avec une
curiosité un peu inquiéte les inédites farces qu'elle nous réserve.
PS.
Disséquons une récente facture de cet EDF : le montant des impôts prélevés au
profit de M. Etat et divers gredins représentent 36% de la somme totale – autrement dit, lorsque vous payez cent
euros à EDF, vous ne recevez que pour 64 euros d'électricité...
Cette idée d'augmentation rétroactive est vraiment superbe. Si elle se généralise les commerçants vont pouvoir faire rapidement fortune en réclamant à leurs clients le double ou le triple (pourquoi se gêner ?) du montant réglé pour leurs emplettes passées. Du coup le PIB va connaître un boom ainsi que les rentrées de TVA. La voilà la solution à la crise. Le seul problème, c'est de savoir où les clients vont trouver l'argent pour régler leurs "dettes" et qui va se charger du recouvrement...
RépondreSupprimerIls n'ont qu'à emprunter.
SupprimerComme M. Etat.
Il me semblait qu'en droit la rétroactivité n'était possible que que si la sanction en était adoucie.
RépondreSupprimerÇa ne marche pas pour ma facture EDF ?
C'était là un principe réactionnaire heureusement aboli par un Président éclairé (et lumineux).
SupprimerRétroactivité = clientèle captive
RépondreSupprimerPas moyen d'y échapper !
"Ils" ont failli nous faire le coup pour les PEL, PEA et compagnie... mais ça n'a pas marché. Ils recommencent, c'est tout !
Et cette fois, il est à craindre que cela marchera -- hou hou ! opposition ? où es-tu?
SupprimerSinon pour la question que vous posiez à une certaine Pétula, elle a fait comme tout le monde je suppose : elle a cliqué.
RépondreSupprimerBig bisous !