Dans un
billet récent, écrit, comme toujours, d'une plume alerte et incisive, M.
Jacques Etienne s'interroge sur la légitimité, et l'éventuelle répression, de
la diffamation et de la calomnie sans, me semble-t-il, en avoir perçu l'exacte signification.
Rappelons
donc quelques principes et réalités, pourtant bien connus puisque ces questions
ont été parfaitement élucidées par les travaux de Murray Rothbard et David
Friedman, entre autres auteurs ayant abordé, et cerné, la question.
Diffamation et calomnie sont la publication, par la parole ou l'écrit, de faits
exacts mais cachés (diffamation) ou
inventés (calomnie) dont la divulgation
nuit à la réputation de l'individu qui en est l'objet.
Notons vite
que si Martin couvre par ses discours Dupont de louanges imméritées ou lui
prête des actes héroïques qu'il n'a jamais accomplis, ou qu'il a accomplis mais
non dévoilés, il est rare que Dupont traîne Martin devant les tribunaux en lui
reprochant de l'avoir ainsi montré
meilleur qu'on ne le croyait.
Venons-en à
la réputation.
Celle-ci,
quelque effort qu'un individu fasse pour l'établir et la conserver, ne dépend
aucunement de cet individu, mais des tiers
qui, des actes et mœurs dudit individu voient, perçoivent et retiennent ce qui
formera leur perception de la valeur
de cette personne – la réputation n'est que dans le regard (la conscience, etc.
) d'autrui et n'est donc nullement la propriété
de celui ou celle qui se targue d'avoir bonne réputation, ou déplore d'avoir
mauvaise réputation.
Ergo,
lorsqu'un quelconque Dupont se drape dans la loi pour faire interdire
diffamations et calomnies attentant à sa
réputation, le possessif est une imposture : cette réputation ne lui
appartient pas, et il ne peut s'en prévaloir.
Je renvoie
aux auteurs cités pour une plus ample discussion, et l'examen raisonné des
arguments pro et contra, et n'ai évoqué le sujet que parcequ'il est trop
souvent utilisé pour justifier –malhonnêtement—la suppression d'une liberté
d'expression à laquelle je suis radicalement attaché.
Note : que diffamation et calomnie ne fassent pas plaisir à qui en est l'objet, voilà qui ne devrait ouvrir aucun droit.
Un pronominal bien adjectivé, votre possessif.
RépondreSupprimerVous allez vous faire une réputation de distrait.
Merci de m'avoir signalé ce lapsus , j'ai corrigé.
SupprimerPourra t on dire un jour à une personne, je vous hais car vous n'êtes qu'un béotien.
RépondreSupprimerCurieux motif de haine, mais, pourquoi pas ?
Supprimer"de faits exacts mais ... ou inventés"
RépondreSupprimerUne tournure contradictoire car le sens habituel d'Exact est Vrai.
"de faits précis mais ... inventés" est moins ambigüe.
Amike
Je maintiens ma formulation, même s'il est permis d'en trouver de meilleures...
SupprimerComment les faits peuvent-ils être "exacts" s'ils sont inventés?
RépondreSupprimerParce qu'un des sens du mot exact (mais pas le plus usuel) est "précis".
SupprimerD'ailleurs, on parle d'insultes et non de diffamations si les faits rapportés sont insuffisamment précis pour pouvoir être débattus.
Ferait-on un débat contradictoire à propos de la "salopitude" de certains présidents de la république ? Non, donc c'est une insulte.
Amike
J'admets que la réputation d'une personne soit faite par autrui. Seulement quand des calomnies transforment le dévoué instituteur auquel son travail et ses résultats avaient valu l'estime d'un village viennent à le faire passer pour un monstre pédophile et qu'il se suicide (ça s'est vu), c'est tout de même un peu dommage, non ?
RépondreSupprimerAu-delà de ce genre de cas, ce que j'envisageais c'est que l'on puisse, au nom de la calomnie ou de la diffamation condamner toute expression qui serait en désaccord avec le "politiquement correct" sur la question de l'immigration.
Le terrassement m'égare : je voulais écrire :
RépondreSupprimerSeulement quand des calomnies transforment le dévoué instituteur auquel son travail et ses résultats avaient valu l'estime d'un village en un monstre pédophile et qu'il se suicide (ça s'est vu), c'est tout de même un peu dommage, non ?
Certes (voir "Le corbeau"...), mais ce n'est pas le sujet...
SupprimerPeut-on imaginer que la présomption d'innocence...
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