david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

vendredi 12 juillet 2013

Un suspense insoutenable




    Sans véritablement m'ôter le sommeil, cette question ne manque pas de me turlupiner : comment Mme la comtesse de Genlis raconte-t-elle dans ses Mémoires écrits vers 1806, alors qu'elle est devenue avec ostentation grenouille de bénitier, sa liaison scandaleuse et doublement adultère avec le duc de Chartres ( bientôt duc d'Orléans, en attendant de finir sur l'échafaud sous le nom de Philippe-Egalité une vie de débauches honteuses, trahisons abjectes et crimes inouis ) ?
   La lecture du tome premier ( sur dix...)   des Mémoires ne m'apporte aucune réponse, la Comtesse commençant son récit au 25 janvier 1746, jour de sa naissance; nous avons donc une enfance, des affaires de famille, de la musique ( très tôt, elle maîtrise à ravir tous les instruments) , un mariage à 17 ans avec M. de Genlis, une plaisante rencontre avec Jean-Jacques Rousseau,  des premières couches... j'abrège – page 160 du tome deux, enfin cette phrase : " J'écris tout ceci très péniblement, parce que c'est rendre compte d'une des plus grandes fautes de ma vie."
   Mme de Genlis entreprend-elle ici, après cet exorde, de nous narrer comment elle tomba dans les bras, et sur le sofa, le divan, le lit, du duc de Chartres ? Que nenni – cette grande faute est ( pour le moment ? ) d'avoir accepté une place de dame auprès de Mme la duchesse de Chartres.
   Un petit retour en arrière est ici nécessaire .
   Mme de Genlis était souvent reçue par le duc d'Orléans, au Palais-Royal ou à Villers-Cotteret, elle y avait été présentée par sa tante, Mme de Montesson, qui manoeuvrait pour se faire épouser par ce prince, bien qu'elle fût notoirement la proie d'un sentiment violent et platonique pour le comte ( et futur duc ) de Guines. Dans cette situation un peu embrouillée , mais conforme aux mœurs du temps dans leur version vertueuse, la jeune comtesse de Genlis ( nous sommes en 1770, elle a donc 24 ans ) joue les intermédaires au profit de sa tante , elle attise le sentiment , à éclipses, du duc pour Mme de Montesson, et négocie auprès du duc de Chartres pour que celui-ci ne s'oppose pas au mariage de son père. Les difficultès s'aplanissent et le duc d'Orléans obtient que le roi , c'est Louis XV , consente à ce mariage très au-dessous de son rang .Le souverain y a mis trois conditions : que l'union demeure secrète, que Mme de Montesson conserve son nom ( elle ne pourra donc être duchesse d'Orléans ) et qu'elle ne vienne pas à la Cour.
   L' union secrète est célébrée secrétement par l'archevêque de Paris, trois semaines plus tard, tout Paris et tout Versailles en bruissent.
   Et Mme de Genlis ? Elle avait eu la promesse d'une place de dame d'honneur auprès de Madame, comtesse de Provence ( donc épouse du futur Louis XVIII ) , promesse reprise quand elle fit comprendre qu'elle ne voulait pas paraître dans la société de Mme du Barry, ancienne courtisane et maîtresse en titre du Roi.
  C'est alors que Mme de Montesson fit obtenir à sa nièce cette place de dame ( et celle de capitaine des Gardes de Mgr le duc d'Orléans pour M. le comte de Genlis ). Nous voici donc au moment de la faute, et le couple Genlis  au Palais-Royal ( la pauvrette est d'abord conduite dans un ancien appartement du Régent : " Toutes ces glaces, écrit-elle, toute cette magnificence de boudoir, me déplurent à l'excès. Je pensai que dans ces lieux s'étaient passés les orgies de la Régence (...)".)
     Et le duc de Chartres ? Les dizaines de pages qui suivent décrivent la société du Palais-Royal, mais point de jeune prince.
  Quand sera satisfaite m'a curiosité, si elle l'est jamais ?

2 commentaires:

  1. C'est qu'elle est bien capable d'avoir fini par n'en parler nulle part !

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  2. Patience patience...
    Pour le moment, nous ne rencontrons que des femmes vertueuses...

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