Il y a
deux mois, Mme Desgranges et moi-même avons découvert , grâce à un DVD de la
BBC, la très remarquable série anglaise House
of Cards (1990-1996 ), tirée d'un
roman de lord Dobbs, qui fut conseiller de Margaret Thatcher, vice-président du
party tory, et est aujourd'hui auteur de best-sellers .
House of
Cards a pour héros le chef de la majorité aux Communes (whip ) qui, avec la complicité de son épouse,
ne recule devant aucun crime pour
devenir ministre, et Premier ministre. Ian Richardson l'interprète avec un
talent exceptionnel, se montrant à la fois enjôleur et sourdement menaçant, et
nuançant sa violence d'une sorte de désinvolture aristocratique.
L'atmosphère est volontairement
shakespearienne – abondent les citations du Barde—et House of Cards a toute l'intensité et la puissance d'une tragédie
politique ( les références à Richard III
ne s'y trouvent pas par hasard).
Puis
nous apprîmes l'arrivée prochaine de la
première saison d'un remake américain
très haut de gamme – budget de soixante millions de dollars ( ! ) , épisodes
tournés par David Fincher ou Joel Schumacher, Kevin Spacey dans le rôle
principal – que nous attendîmes avec une
curiosité mêlée d'une légère inquiètude. Le blu-ray US arriva la semaine
dernière, et fut vite regardé .
Les différences radicales entre les
institutions anglaises et américaines nous paraissaient rendre toute
tranposition délicate, les scénaristes ont le mérite de s'en tirer , non pas
bien (adieu Shakespeare... ) , mais pas
trop mal, et nous jugeâmes satisfaisants les deux premiers épisodes, d'autant
que tous les acteurs, même pour les troisièmes rôles, sont excellents, et la mise
en scène d'une qualitè irréprochable.
Mais hélas, mille fois hélas , alors que la
série anglaise se compose de trois parties d'une durée de deux cents minutes
chacune, les producteurs ont eu l'idée aberrante de faire durer cette première
saison ... sept cent quatre-vingts minutes.
Pour étirer en treize heures ce qui en durait
originellement un peu plus de trois, les scénaristes ont multiplié les
intrigues secondaires aux thèmes puisés dans la routine des sitcoms
hollywoodiennes – mornes adultères, désir contrarié de maternité , passage chez
les AA (Abrutis Anonymes ), prostituée
violée par son père, etc. ad nauseam.
Le tout saupoudré de la sempiternelle morale puritaine/progressiste – le pécheur
( un monsieur qui fume, boit du whisky et se tape des putes ) doit non seulement
expier ses fautes, mais les confesser publiquement en pleurnichant qu'il est sorry, very sorry tout en demandant
pardon à ses enfants.
Résultat évident ( et prévisible ) : étouffée
entre des digressions sirupeuses, l'intrigue principale s'effiloche et, coincée
entre mélasse, guimauve et niaiseries, elle perd toute force pour s'échouer aux
dernières minutes en une accumulation de suspenses plats destinés à vendre la
deuxième saison (en tournage).
Hollywood
Hollywood...
Il me semble que nombre de séries américaines seraient passionnantes si, dès le début on savait qu'il n'y aurait qu'une “saison”, à la grande rigueur deux. Sinon, vous savez en commençant qu'il n'y aura jamais vraiment de fin, ou bien que, s'il y en a une, elle n'aura plus rien à voir avec les problématiques du début, tellement les choses auront dérivé.
RépondreSupprimerLà, en effet, je suppose que la préexistence de la série anglaise devait rendre "l'effilochage" encore plus manifeste.
j'ai écrit une jolie réponse argumentée que cette vacherie a bouffée
RépondreSupprimerdonc , mécontent, je résume trivialement :
1. pas d'accord
2. comment osez-vous, mon cher Didier, écrire l'abominable " problématiques " , et avec un "s", en plus, car il vous en faut plusieurs....
Je me suis arrêté sur cette abomination (qui, je l'avoue, s'est présentée en premier à mon esprit embrumé…). Et puis, je l'ai laissée rien que pour vous… Exprès, car j'ai très mauvais fond.
SupprimerEt en plus me v'là anonyme !!!
RépondreSupprimerDonc je signe : M.D.
Tout à fait d'accord, House of cards c'était du grand art (qui se laisse encore regarder après plus de 20 ans) et la copie Américaine est .... tellement Américaine que c'est presque drôle.
RépondreSupprimerJ'avais déjà été très déçu par la transposition américaine de Life on Mars (avec des acteurs qui auraient pu se défendre honorablement) mais là c'est encore plus ridicule.