david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

vendredi 28 juin 2013

House of Cards ( USA) vs House of Cards (UK)



    Il y a deux mois, Mme Desgranges et moi-même avons découvert , grâce à un DVD de la BBC, la très remarquable série anglaise House of Cards (1990-1996 ),  tirée d'un roman de lord Dobbs, qui fut conseiller de Margaret Thatcher, vice-président du party tory, et est aujourd'hui auteur de best-sellers .
    House of Cards a pour héros le chef de la majorité aux Communes (whip ) qui, avec la complicité de son épouse,  ne recule devant aucun crime pour devenir ministre, et Premier ministre. Ian Richardson l'interprète avec un talent exceptionnel, se montrant à la fois enjôleur et sourdement menaçant, et nuançant sa violence d'une sorte de désinvolture aristocratique.
    L'atmosphère est volontairement shakespearienne – abondent les citations du Barde—et House of Cards a toute l'intensité et la puissance d'une tragédie politique ( les références à Richard III ne s'y trouvent pas par hasard).
    Puis nous apprîmes  l'arrivée prochaine de la première saison d'un remake américain très haut de gamme – budget de soixante millions de dollars ( ! ) , épisodes tournés par David Fincher ou Joel Schumacher, Kevin Spacey dans le rôle principal –  que nous attendîmes avec une curiosité mêlée d'une légère inquiètude. Le blu-ray US arriva la semaine dernière, et fut vite regardé .
    Les différences radicales entre les institutions anglaises et américaines nous paraissaient rendre toute tranposition délicate, les scénaristes ont le mérite de s'en tirer , non pas bien   (adieu Shakespeare... ) , mais pas trop mal, et nous jugeâmes satisfaisants les deux premiers épisodes, d'autant que tous les acteurs, même pour les troisièmes rôles, sont excellents, et la mise en scène d'une qualitè irréprochable.
    Mais hélas, mille fois hélas , alors que la série anglaise se compose de trois parties d'une durée de deux cents minutes chacune, les producteurs ont eu l'idée aberrante de faire durer cette première saison  ...  sept cent quatre-vingts minutes.
    Pour étirer en treize heures ce qui en durait originellement un peu plus de trois, les scénaristes ont multiplié les intrigues secondaires aux thèmes puisés dans la routine des sitcoms hollywoodiennes – mornes adultères, désir contrarié de maternité , passage chez les AA  (Abrutis Anonymes ), prostituée violée par son père, etc. ad nauseam. Le tout saupoudré de la sempiternelle morale puritaine/progressiste – le pécheur ( un monsieur qui fume, boit du whisky et se tape des putes ) doit non seulement expier ses fautes, mais les confesser publiquement en pleurnichant qu'il est sorry, very sorry tout en demandant pardon à ses enfants.
    Résultat évident ( et prévisible ) : étouffée entre des digressions sirupeuses, l'intrigue principale s'effiloche et, coincée entre mélasse, guimauve et niaiseries, elle perd toute force pour s'échouer aux dernières minutes en une accumulation de suspenses plats destinés à vendre la deuxième saison (en tournage).
  Hollywood Hollywood...

5 commentaires:

  1. Il me semble que nombre de séries américaines seraient passionnantes si, dès le début on savait qu'il n'y aurait qu'une “saison”, à la grande rigueur deux. Sinon, vous savez en commençant qu'il n'y aura jamais vraiment de fin, ou bien que, s'il y en a une, elle n'aura plus rien à voir avec les problématiques du début, tellement les choses auront dérivé.

    Là, en effet, je suppose que la préexistence de la série anglaise devait rendre "l'effilochage" encore plus manifeste.

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  2. j'ai écrit une jolie réponse argumentée que cette vacherie a bouffée
    donc , mécontent, je résume trivialement :
    1. pas d'accord
    2. comment osez-vous, mon cher Didier, écrire l'abominable " problématiques " , et avec un "s", en plus, car il vous en faut plusieurs....

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    1. Je me suis arrêté sur cette abomination (qui, je l'avoue, s'est présentée en premier à mon esprit embrumé…). Et puis, je l'ai laissée rien que pour vous… Exprès, car j'ai très mauvais fond.

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  3. Et en plus me v'là anonyme !!!
    Donc je signe : M.D.

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  4. Tout à fait d'accord, House of cards c'était du grand art (qui se laisse encore regarder après plus de 20 ans) et la copie Américaine est .... tellement Américaine que c'est presque drôle.
    J'avais déjà été très déçu par la transposition américaine de Life on Mars (avec des acteurs qui auraient pu se défendre honorablement) mais là c'est encore plus ridicule.

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