Dans Mémoire
d'en France , ouvrage où la critique littéraire égale en excellence et
pertinence la peinture de la société et
de nos mœurs, M. Didier Goux appelle Lucien de Rubempré "ce petit
con". La formule est violente, et la pensée juste, mais, à cette aune,
quel qualificatif devrait-on appliquer à cette larve de Frédéric Moreau ?
Paresseux et
vélléitaire, le lamentable héros de L'éducation
sentimentale ( que je viens de relire ) n'a pas même la sorte d'ardeur
tenace vers l'annihilation de soi d'un
Oblomov; il végète en courant mollement après cette cruche vertueuse de Marie
Arnoux, se vautre dans une médiocrité
médiocre vers laquelle il n'a même pas à faire le minime effort de se
seulement laisser glisser tant elle se montre, dès sa première apparition, être
sa nature, et de ce personnage si peu intéressant découle nécessairement un
vide remué ci et là de modestes vaguelettes qui occupe, si l'on peut oser ici
ce verbe, les deux cents premières pages du roman, et permet au lecteur de les
tourner, ces pages, en pensant à toute autre chose, d'autant que le flou de la
chronologie autorise que l'attention vagabonde.
Puis arrive une
révolution, celle de 1848, et, portée par la brutalité de l'évènement et les
convulsions qui s'ensuivent, l'œuvre s'anime et les personnages secondaires,
jusqu'alors ectoplasmiques sans doute
par contagion, prennent de l'épaisseur et de la vie, alors, et alors seulement,
le roman devient grand tandis que
Frédéric demeure nul.
Et j'ai commencé de
relire Bouvard et Pécuchet, dont le
début est en tout point admirable.
Je vais tenter de répondre chez moi, tiens…
RépondreSupprimerGustave et moi attendons de pied ferme.
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