Ai-je
été un terroriste?
Il y a bien, bien des années, j'aidais,
soutins de toutes mes juvéniles et faibles forces un mouvement que les
autorités appelaient terroriste.
En fus-je réellement membre?
Cette organisation était secrète, et ne distribuait pas de carte d'adhérent, quant à moi, disons que je gravitais dans une
nébuleuse, qui pouvait être cette organisation, ou seulement son écume.
Je ne posai jamais de bombe, activité que
je jugeais peu honorable, et contre-productive (l'effet le prouva), ni ne tuai
personne, mais si un chef, évidemment respecté et respectable, m'eût ordonné
d'aller tirer quelques balles dans le ventre d'un méchant ennemi, avec quelle
joie et quelle fierté eussé-je obéi!
Je participais à la préparation d'un complot
pour nous emparer, par des souterrains oubliés, de l'Elysée (l'affaire tourna
court) et, par une belle nuit de printemps, je m'en allais, après avoir fait
mes adieux à une douce amie, m'emparer d'un aérodrome militaire en compagnie de
camarades armés de pistolets (moi, de ma seule bonne volonté, et l'affaire
tourna court).
Pour l'essentiel, je plaçais auprès de
bistrotiers sympathisants, en échange de vrais nouveaux francs, des bons émis par l'Organisation et
remboursables après la victoire, et je collais des affichettes, qui seraient
aujourd'hui qualifiées d'apologie du
terrorisme et étaient alors une atteinte
à la sûreté de l'Etat. Je cachais aussi, à leur sortie des rotatives, les
exemplaires d'un hebdomadaire régulièrement saisi par la police politique.
Puis, une semaine durant, je vécus dans la clandestinité (et séduisis
la fille de mes hôtes—ô romantique jeunesse!).
Fleurissaient lois d'exception et juridictions
d'exception, nous ne nous en souciions guère.
Dans cette aventure, beaucoup de nos aînés
étaient des récidivistes – ils avaient activement participé à la Résistance
contre les Allemands, mouvement que les autorités (d'alors) appelaient terroriste.
De ce temps, de ce combat dont le mobile
essentiel était pour moi de protéger nos concitoyens de religion musulmane...,
je ne regrette que l'échec.
En 1995, je publiai un roman dont les héros
sont des terroristes qui se sont
donné pour mission de sauver l'humanité
en tuant beaucoup d'innocents, leurs mobiles sont sociaux, un peu politiques,
beaucoup mystiques et métaphysiques. Ce roman a
de gros défauts, je pense néanmoins qu'il explique fort bien ces tueurs,
et ceux de leur espèce.
Quelques années plus tard, je lus dans un newsmagazine un long article sur un
assassin qui avait, dans une banlieue de Paris, exterminé une dizaine de
politiciens de troisième ordre. Cet homme avait , sur sa table de chevet, ce
mien roman, et l'un de ses amis confiait qu'il en avait été le lecteur assidu.
Cette information me laissa une curieuse
impression.
Disserterai-je ici sur la responsabilité de
l'écrivain?
Non.
Mais ce qu'est l'esprit d'un terroriste, je crois le comprendre.
Quel est le titre de ce roman?
RépondreSupprimerPeut-être "Le précieux con de Louise" ?
Supprimer"Je vous hais", plutôt. Certains passage de ce roman sont assez insoutenables (du moins quand on a mon cœur de midinette).
SupprimerBravo, Jacques, vous avez deviné!
SupprimerUne Organisation ? Armée et Secrète ? Je ne vois vraiment pas...
RépondreSupprimerIl y aurait un roman à écrire sur cette histoire de prise de l'Elysée par des souterrains oubliés. Vous pourriez l'intituler "Les caves du Président".
RépondreSupprimerIl suffit peut-être de lire "Le catéchisme du révolutionnaire : Règles dont doit s'inspirer le révolutionnaire", de Netchaiev et Bakounine, pour en connaître la quintessence...
RépondreSupprimerAmike