Mue
par un immense élan héroïque, semblable à celui qui poussa les masses humaines
à descendre dans la rue pour acclamer
des joueurs de ballon, ou le maréchal Pétain à Paris en avril 1944, ou le
général de Gaulle dans le même Paris en août 1944, la foule, la foule
gigantesque des je ne suis pas moi
défile sous un radieux soleil qui ne s'est levé que pour la bénir, elle défile contre le Mal et pour le Bien.
Et qu'est le Mal, qu'est le Bien?
Le Mal, ce sont les Méchants, le Bien ce
sont les Bons.
Dans le cœur vaste et généreux (et
républicain) de la foule se mêlent des sentiments puisés dans les actualités
télévisées et les réseaux sociaux,
sentiments de tristesse, car il faut déplorer des victimes, sentiments de joie,
car elle se voit et voit qu'elle est
légion, sentiments d'espoir car elle sait enfin dans quel camp se ranger, et
que lorsque l'ennemi est, par une fine analyse, identifié, il est déjà vaincu
(ou presque).
Et le soir, épuisée par sa vaillance, la
foule s'endort du sommeil du Juste, elle a triomphé de l'horreur, et tout est
bien qui finit bien.
Demain, il faudra penser aux vacances
d'hiver, et s'inquiéter de la hauteur de la neige dans les montagnes—encore un
souci, et un combat à mener.
Cette effrayante réponse des masses à l'appel du parti unique, qui montre que le dernier droit qui nous restait, celui de manifester, est aujourd'hui confisqué par l'Etat me fait songer à ce mot du père Hugo (même s'il n'est pas tout à fait étranger à ce qui nous arrive) dans Marie Tudor "Il y a deux manière de passionner la foule au théâtre, par le grand et par le vrai. Le grand prend les masses et le vrai saisit l'individu". L'individu, l'abject, l'égoïste individu, celui qui répond à Dieu au lieu de répondre à "la communauté musulmane" ou à "la communauté juive" ou je ne sais encore à quelle autre fiction n'a toujours pas les réponses aux questions qu'il a la faiblesse de se poser : Les frères Kouachi (assassins présumés selon le droit) ont-ils tué à Charlie hebdo ? A qui profite le crime ? La France doit-elle ouvrir les yeux et revoir ses alliances ? Avons-nous encore assez de Condé ou de Turenne pour nous payer le luxe d'une allure martiale ?
RépondreSupprimerCondé ? Turenne? Pourquoi pas Bayard?
SupprimerVil réac!
Oui, pourquoi pas Dunois, vainqueur à Patay ou Agrippa d'Aubigné, grand-père de la Maintenon... ou n'importe qui d'autre à part Charlie.
SupprimerPourtant, il y a eu de grands rassemblements positifs. Je pense à celui de novembre 1956 qui vit la foule parisienne se masser pour saccager les sièges du parti communiste et de l'humanité.
RépondreSupprimerJ'y étais (quoique bien jeune) !
SupprimerAliam vitam, alio mores...
SupprimerVivement demain ! Et pourtant je ne skie pas !
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