Dans un texte publié en 1931, et repris
dans le recueil Doit-on le dire?
réédité aujourd'hui aux Belles Lettres, Jacques Bainville reproche au
politicien de gauche Pierre Laval d'utiliser l'expression "ce pays"
pour parler de la France.
"[Cette expression] m'agace, écrit Bainville,
et je sais bien pourquoi elle m'agace. C'est une traduction littérale de
l'anglais. (...) Les Anglais ont coutume de dire this country, qui est devenu au Palais-Bourbon : ce pays. Pourquoi "ce pays"?
(...) Pourquoi ne pas dire simplement "le pays", ou bien, "notre
pays" ou "chez nous" qui vaudrait encore mieux?"
Malgré toute mon estime pour le grand
historien, je dois avouer qu'aujourd'hui, c'est tout naturellement "ce
pays" qui me vient sous la plume, ou sur la langue, lorsque j'ai à évoquer
le territoire nommé France.
Jacques Bainville voit dans cette tournure une "nuance de
dédain", j'y ajouterai une marque, très forte, d'éloignement.
Certes,
factuellement, la France est toujours mon
pays, elle l'est même, très profondément et très définitivement, pour ce
qu'elle a été (jusqu'en 1789, et encore un peu après grâce à Balzac et
Proust...), mais pour ce qu'elle est
en 2015?
Il n'y a, dans la société française actuelle,
rigoureusement rien que je puisse accepter de m'approprier par un
"mon" (qui serait également une identification, et une soumission au
désastre) , rien dans ses institutions, ses discours, ses actions, que je ne
rejette avec horreur et dégoût, et quant à ce qui relève de l'esthétique et de
la pensée (que devraient exprimer des œuvres, qui fondent une civilisation) je
ne trouve que vide (malgré quelques ilôts de résistance connus de leurs seuls
et rares occupants)-- mais non silence.
Car
de ce pays il émane en permanence un
gigantesque bruit, bruit de l'espèce
du brouhaha, composé de phonèmes qui
voudraient passer pour des mots, mais les mots ont un sens, et ces phonèmes ne
sont que des sons, dont la fonction est de faire réagir identiquement, et en
toute conformité à l'ordre désormais établi, des hommes et des femmes qui ne
sont plus que des chiens (et des chiennes) de Pavlov, hommes et femmes que je
nommerai ce peuple.
La France vaut mieux que les Français actuellement vivants. Notre pays, ce n'est pas 60 millions de gugusses, mais quelques milliards de morts et, si Dieu le veut (secondé par quelques hommes de bonne volonté), d'autres milliards à venir.
RépondreSupprimerPoint n'est besoin d'espérer pour..., etc.
SupprimerCertes, mais "ce pays" n'en demeure pas moins "mon pays". Étant dépourvu de lyrisme, je ne saurais exprimer à quel point j'y suis attaché. Même si, comme les autres nations d'Europe occidentale, il sombre dans les eaux turbides d'un marécage idéologique,ce sera MON naufrage. Je n'ai pas d'autre choix.
RépondreSupprimerIl me semble que le naufrage a déjà eu lieu.
SupprimerJe serais donc un rescapé ?
SupprimerCe n'est plus le pays que j'ai connu mais c'est encore mon pays, hélas! Pour lui comme pour moi.
RépondreSupprimerL'anonyme auteur de ce message est-il Dieu le père, Jésus, ou le Saint-Esprit (lesquels se racontent sur le site indiqué...) ?
RépondreSupprimerUNE GRANDE GRÂCE NOUS EST DONNÉE
RépondreSupprimerFRERE ELYÔN : LE DERNIER VRAI PROPHETE !
http://www.prophete-du-sacre-coeur.com/
Que l'Esprit-Saint agisse en vous, afin que vos esprits ne restent plus enténébrés.
AMOR PAX LUX VERITAS