L'actualité du jour étant, à l'exception de quelques patronymes apparus
comme la rosée et aussi éphémères, la même que l'actualité de la semaine
dernière, du mois dernier, de l'an dernier etc., détournons nos regards de ce
médiocre bourbier pour lire, et citer, quelques jugements littéraires.
Sur
Michelet :
"Michelet – un des écrivains les plus insalubres, les plus funestes
à la santé de l'esprit public."
"Michelet, au vrai, voulez-vous savoir ce que c'est? –Nature de
cuistre qui fait le pimpant".
Sur
Lamartine:
"Désormais, au lieu du Lac,
chez Lamartine, de grandes flaques de poésie."
"Chose
étonnante : Lamartine n'est que le plus harmonieux, le mieux inspiré, le plus
sublime et le plus charmant des sots."
Sur Balzac
:
"Décidément, cette réputation de Balzac s'étend comme un chancre :
il faudra appeler Ricord [fameux médecin spécialiste des maladies
vénériennes]."
"Balzac, jusqu'à ses meilleurs romans, a toujours gardé quelque
chose de la bassesse et, pour ainsi dire, de la crapule de ses débuts."
Sur Hugo:
"Victor Hugo : grossiéreté. Malices
cousues de câble blanc."
"Hugo dramatique, c'est Caliban qui pose pour Shakespeare."
"Comme un grand troupeau roux de hérissons
énormes.
C'est
là un de ses vers : à tout moment de ces énormités"
Sur
George Sand:
"La
coterie George Sand, Lamennais, Liszt, Didier etc. (Lamennais, le naïf, à part)
est un amas d'affectations, de vanités, de prétentions, d'emphase et de tapages
de toute sorte, un véritable fléau
enfin, eu égard à l'importance des talents."
Sur
Dumas:
"Alexandre Dumas, malgrè tout son fracas, n'est tout au plus qu'un
esprit de quatrième ordre. Car où classer un écrivain chez qui on est sûr de ne
rencontrer jamais ni la pensée élevée,
ni la pensée délicate, ni la pensée judicieuse?"
Sur
Béranger:
"Béranger est, de tous les hommes, celui certainement à qui la
modestie procure le plus d'occasions de vanité."
Ces
aménités sont de Sainte-Beuve qui, toute sa vie durant, nota dans des carnets
ce qu'il pensait de ses contemporains, et diffère souvent de ce qu'il publiait
à leur sujet; ces carnets ont été édités en 1926 sous le titre Mes poisons par un érudit, M. Victor
Gibaud, auteur d'une cinquantaine de volumes d'histoire littéraire assez
oubliés. Il y a là 240 pages d'une lecture réjouissante.
D'autant
que Sainte-Beuve, écrivant sur lui-même, ne se ménageait pas plus:
"Je
suis un hypocrite, j'ai l'air de n'y pas toucher et je ne pense qu'à la
gloire."
Peut-on
penser que, aujourd'hui, dans le secret de son cabinet, M. Bernard-Henri Lévy
jette sur le papier semblable aveu?
La gloire des autres ne lui aurait-elle pas porté ombrage ? Il n'empêche, ce qu'il dit de Hugo est juste (cela dit en toute objectivité, bien entendu).
RépondreSupprimerN'oublions pas qu'entre la Sainte et Totor il y eut une fâcheuse histoire de femme...
SupprimerJ'aime beaucoup vos Sainte-Beuveries (même s'il est encore un peu tôt pour cela…).
RépondreSupprimerLa Sainte (Sainte-Bave...) accusait Musset de "saoulerie"...
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