Sur la
place du village, cette affichette destinée aux enfants des écoles
:"Dimanche .. juin, marche contre la
faim".
Aux jeunes
crétins qui, conduits par des instituteurs citoyens tout dégoulinants de
sensiblerie visqueuse, marcheront, j'offre ce texte :
"Une
fourreuse du passage Dauphine, une soixantaine d'années, à qui j'ai souvent
parlé à cause de ses chiens, s'est jetée à la Seine il y a quelques jours.
Inconsolable de la mort d'un fils il y a une dizaine d'années. Pertes d'argent.
Mauvaises affaires. Mari toujours dehors. Le "Fléau" [maîtresse de
l'auteur] me parlait de cela ce soir dans mon bureau. Je me suis mis à éclater
de rire. Scandalisée de cela. Me traitant de monstre, homme abominable. Je n'en
riais que plus fort. C'est vrai, à la fin. Faut-il que je me désole parce que
cette femme s'est jetée à l'eau? Je m'en fiche complètement. Va-t-il falloir
aussi que je m'attendrisse sur les tuberculeux, les goîtreux, les borgnes, les
bancals, les gens qui n'ont qu'un testicule, tous les mal bâtis d'une façon ou
d'une autre. C'est agaçant à la fin. Je m'en fiche complètement. Toutes ces
jérémiades à la mode d'aujourd'hui! C'est comme l'affaire des timbres antituberculeux.
Des timbres antituberculeux? Quel français ! J'attends qu'on vienne m'en offrir
dans la rue. Car c'est devenu maintenant une sorte de quête. Je crois bien que
je m'offrirais le plaisir de répondre que je m'en fiche complètement."
Paul
Léautaud
Journal littéraire , lundi 19 décembre
1932.
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerVotre commentaire prouve que vous n'avez rien compris au propos de Léautaud.
SupprimerBien sûr que la condition de nos semblables peut être triste, mais pour autant est on obligé de se couvrir de cendres pour le moindre individu qui nous sera à jamais inconnu et qui se trouve frappé de je ne sais quelle tare ou malheur ? En revanche, si ça arrive à nos proches, à quelqu'un de notre famille, là, il est normal de ressentir peine et compassion.
Si on devait se sentir concerné par le moindre malheur qui arrive à je ne sais quel inconnu, la vie serait tout bonnement insupportable. Ceux qui affirment le contraire sont tout simplement des menteurs.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
SupprimerMerci, Amiral!
SupprimerAi expulsé un commentaire pathétiquement stupide d'une anonyme harpie.
SupprimerDevrais-comprendre que vous êtes POUR la faim ? Et concernant la soif, quelle est votre position ?
RépondreSupprimerCela dit, prendre un air contristé à propos de tout, de rien et du reste me paraît bien hypocrite ; quant à marcher pour ou contre ceci ou cela à part rajouter du ridicule à l'inutilité, je ne vois pas à quoi ça peut servir.
Mais la Nature le sait puisqu'il s'agit d'un comportement plutôt général, sélectionné par l'évolution... Seriez vous contre la théorie de l'évolution ?
SupprimerAmike
Oui, Jacques, je suis pour la faim -- avant les repas.
SupprimerLéautaud n'a pas beaucoup pleuré la mort de son père, s'il faut en croire son livre In Memoriam.
RépondreSupprimerIl avait un coeur de pierre quand il s'agissait des être humains. Pour les animaux, c'est autre chose.
Coeur de pierre ? Non, mais pas de faux sentiments, ni d'hypocrisie.
SupprimerLisez-le, intégralement.
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerVoyez l'aspect positif des choses, Madame Louise : une petite marche le dimanche matin, il n'y a rien de tel pour ouvrir l'appétit des enfants.
SupprimerMarcher contre la faim, quelle idée!
RépondreSupprimerMoi, contre la faim, je mange.
Bravo!
SupprimerBien dit !
SupprimerUn peu ridicule votre commentaire au sujet de rien, Monsieur Goux.
RépondreSupprimerLouise
Ce n'est tout de même pas ma faute si vous n'êtes rien…
SupprimerA table !
RépondreSupprimerFaut dire qu'il ne parlait pas la langue de bois Léautaud. Ses avis définitifs sur les femmes et l'amour valent leur pesant d'or !
RépondreSupprimer