Un gros
commis du Président a annoncé, avec cet air de contentement qui marque
aujourd'hui tout porteur de nouvelles, bonnes, mauvaises ou indifférentes mais
qui sont occasion de se montrer à la télévision, qu'au dernier trimestre la croissance du PIB de l'ex-Gaule avait
été de zéro.
Voilà qui
semble signifier, dans l'esprit de l'orateur, que pour ledit trimestre le
montant de ce PIB a été exactement le
même qu'au trimestre précédent.
C'est là
un remarquable exploit.
Quiconque
a eu à comparer pour des périodes données des chiffres d'affaires – bon
équivalent de ce PIB – a constaté que ces montants ne sont jamais identiques;
imaginons une petite entreprise qui fait, une année 11.327.899 euros de chiffre,
eh bien, il n'y a quasiment aucune chance qu'elle fasse l'année suivante encore
ces mêmes 11.327.899 euros, et cette chance
de stricte égalité devient de plus en plus improbable, et même nulle, au fur et
à mesure que les montants en jeu augmentent
-- autrement dit, ce montant de PIB a été nécessairement plus ou moins que le précédent.
Mais sans
doute est-ce là pinailler, passons à autre chose.
Donc ce
pays, dixit le gros commis, peut se féliciter d'une croissance zéro.
Les
politiciens, on le sait, ont coutume de proférer des phrases vides de sens, et
nous en avons ici un charmant exemple.
Vous avez
un enfant que vous mesurez régulièrement, le mois dernier, il était haut de 123
centimètres, même chose ce mois-ci, iriez-vous dire qu'il a grandi de zéro pour cent? Il y aurait tout autant de sens à vous exclamer que votre bambin chéri a diminué de zéro pour cent.
En fait, gros commis qui, s'il n'est pas très
intelligent est un individu roublard, s'était trouvé devant un délicat choix communicationnel.
Voyant ses
domestiques lui apporter des tableaux Excel coloriés d'où il ressortait que
ce fantasque PIB était, à la louche,
dans les mêmes eaux que le précédent, il a vite compris qu'il pouvait annoncer une stagnation,
terme peu flatteur donc éliminé, ou bien une
diminution zéro, ou encore une
croissance zéro ; parler diminution, même s'il n'y en a pas, peut susciter de
mauvaises pensées d'échec gouvernemental dans l'esprit des électeurs, tandis
que croissance... une fois le mot
prononcé, il est permis d'espérer que les auditeurs ne feront pas attention au
zéro qui suit, surtout les femmes,
peu attentives aux chiffres par leur nature, mais qui forment la majorité du
corps électoral.
Qui
dénoncera la misogynie sournoise sous-tendant le discours des élites?
Moi ! mais ne serait-ce pas de l'androphobie qui sournoisement s'étend , la féminisation de l'espèce peuple ?
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