--Caramba !, s'exclama el Direttore du Teatro del Maggio Musicale de Florence
en achevant de lire l'argument de Carmen
(livret de Henri Meilhac et Ludovic
Halévy d'après la nouvelle de Prosper Mérimée, musique de Georges Bizet
), mais... la Carmen... elle est tuée ! Et... par un homme !
El Direttore sentit son front se couvrir de
sueur. Comment, en l'an 2018, pourrait-il laisser montrer sur la scène, cette
scène même qu'il dirige, le meurtre d'une Femme ?!!!
Ainsi qu'il le déclara plus tard à des
journalistes admiratifs :
--A notre époque marquée par le fléau des
violences faites aux femmes (*), il est inconcevable qu'on applaudisse le meurtre de l'une d'elles.
Mais que faire ? El Direttore appela aussitôt
un monsieur Leo Muscato, metteur en scène
de son état, et déjà chargé de massacrer par divers artifices le célèbre opéra.
Tempêtes sous deux crânes et ... eurêka! La solution fut trouvée, aussi simple
et parfaite que l'œuf de Christophe Colomb : à la fin de l'acte quatre et
dernier, ce ne serait plus don José qui tuerait Carmen mais Carmen qui tuerait don José. Certes, celui-ci
s'exclame bien : "Vous pouvez m'arrêter, c'est moi qui l'ai tuée",
mais l'opéra étant chanté en français devant un public italien, il était permis
d'espérer que cette malencontreuse phrase ne serait pas comprise .
Et c'est ainsi qu'en ce début de janvier
2018, les mélomanes florentins eurent le bonheur d'entendre une Carmen conforme aux nouvelles mœurs.
L'affaire éveilla l'attention de nombreux
confrères de notre Direttore car il existe, hélas! mille fois hélas!!!,
d'autres opéras qui se terminent fâcheusement pour l'héroïne.
Pour être bref, je n'en citerai qu'un, mais
un fleuron du répertoire , c'est Otello (musique de Giuseppe Verdi,
libretto d'Arrigo Boito d'après William Shakespeare). Dans lequel, je le rappelle à l'intention des directeurs
d'opéras et autres musicologues, à la fin de l'acte quatre et dernier
(décidément dangereux) Otello (un homme) étrangle Desdemona (une femme).
Tout ce qui a été dit pour Carmen peut être repris ici, pas
question de montrer etc. et même solution : la frêle Desdemona étranglera le
vigoureux Otello.
Sauf que...
Otello (Othello en français) est, nous dit
Shakespeare, un Maure, c'est-à-dire un monsieur venu d'Andalousie ou d'Afrique du
Nord, et dont on a fait peu à peu un originaire du Sénégal ou de l'Ouganda,
bref un migrant.
Et
peut-on, à notre époque marquée par le
fléau des violences faites aux migrants, etc., montrer le meurtre d'un tel
homme par une créature certes femelle , mais européenne, et aux cheveux d'un
éclatant blond vénitien?
Cruel dilemme, qu'avait pressenti mon ami
Philippe Muray dans Moderne contre
Moderne.
Il existe heureusement un moyen de le
résoudre, ce cruel dilemme , que je livre gratuitement aux directeurs de théatres lyriques.
Si toutes les femmes sont également
supérieures aux hommes, elles ne sont pas égales entre elles, car il en existe
qui professent ( ou ont professé) des idées
nauséabondes et peuvent donc être allégrement exterminées sous les
applaudissements médiatiques.
Je suis certain que vous avez déjà compris,
ô lectrices ô lecteurs!, ce que devra faire le metteur en scène d'un nouvel Otello : affubler Desdemona d'un masque
de carnaval représentant feue Mme Thatcher ( à Covent garden), ou Sarah Palin
(au Met), ou Mme Le Pen (à l'Opera-Bastille), et laisser Otello l'étrangler,
l'étouffer et même, pour une versions gore,
l'égorger.
Ouf!
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*Surtout
à Hollywood (note de moi).
Purée de nous autres, on l'a échappé belle ! Moi, le dilemme d'Otello, ça m'a carrément mis dans les transes ! Heureusement que vous êtes là…
RépondreSupprimerPour Héloïse et Abélard, pas besoin de retoucher la fin de l'histoire, la castration devant pleinement contenter nos féministes.
RépondreSupprimerPour Tristan et Yseult, Roméo et Juliette, faut voir.
Le Page.
Voilà un billet qui me met en joie. La chute est à mourir...
RépondreSupprimerMais que voulez-vous... ces dames se sont montrées si outrageantes, si tonitruantes, si souvent hommes qu'il ne faut pas s'étonner du sort tragique qui leur est réservé.
Vous prouvez avec maestria qu'on peut résoudre d'apparentes contradictions tout en respectant l'ordre moral d'aujourd'hui !
RépondreSupprimerMerci, excellents commentateurs.
RépondreSupprimerJe réflèchis à une réécriture de Rigoletto pour éviter à Gilda un sort que l'on ne peut aujourd'hui montrer.
La Traviata est également une source de souci, du même ordre que La Bohême --encore des femmes qui meurent!Plus jamais ça!!!
Il est aussi fort évident que, que ce soit pour Carmen ou d'autres, c'est "le meurtre d'une femme" que l'on applaudit, pas la pièce, pas le livret, pas les artistes etc...
RépondreSupprimerOn commandera donc un festin commandé chez Mac Do pour le Commandeur, et Aïda ne sera qu'une pub pour le club med de Charm El Cheikh...
Quant à l' Arlésienne...
C'est avec consternation qu'en lisant ce blog bourgeois je m'aperçois que les solutions proposées sont inéluctablement et scandaleusement celles d'esprits pervertis par une éducation classique.
RépondreSupprimerLa seule solution égalitaire (genre, couleur, etc.) et donc légitime, est de supprimer le répertoire classique de l'opéra ou du théâtre.
En effet modifier la fin d'une pièce ne remédie en rien au fait que la famille et les ancêtres de Juliette ne sont pas Tutsis.
Ainsi de nouveaux créateurs issus des cours universitaires d'intermittents du spectacle produiront des œuvres conformes à l'esprit du temps dans lesquelles chacun aura enfin la place qu'il mérite et Elisabeth II sera noire, Louis XIV aussi, comme le roi du Monomopata. Oui-Oui aussi.
Quant aux hommes blancs, que Dieu les protège (et mieux qu'en Afrique du Sud s'il n'est pas complice !).