Dans un récent et spirituel billet,
l'excellent M. Goux relève un passage du Curé
de village dans lequel Balzac cite les noms de Troplong et Toullier, et
il nous révèle sa totale ignorance sur ces deux personnages.
Il nous sera permis de nous étonner qu'un
aussi grand lecteur, et lecteur d'une si solide érudition que M. Goux, puisse
avoir oublié l'existence de ces deux célèbres jurisconsultes, parmi les plus
savants de leur temps, d'autant que le contexte de la phrase de Balzac était à
même d'éclairer ne serait-ce qu'une simple lectrice sur la profession de
Troplong et Toullier.
Mais ce qui
nous a frappé de stupeur est la conduite qu'adopta M. Goux pour tenter de
remédier à la défaillance de sa mémoire. Durant de longues minutes, il se
proposa, ou envisagea, de recourir à une sorte de divinité électronique
dispensatrice de sornettes, au lieu de se lever de son fauteuil pour ouvrir son
fidèle Grand dictionnaire universel du
XIXème siécle de Pierre Larousse au
tome 15 (lettre T), où il aurait trouvé une colonne et demie sur Charles-Bonaventure Toullier (1752-1832) et deux colonnes sur Raymond-Théodore Troplong
(1795-1869), dont la lecture lui eût donné une plaisante occasion de se
réjouir.
Pierre Larousse fut un immense travailleur
dont l'abondance de la production donne le vertige (et force l'admiration),
mais aussi un dévot de la République, avec un fanatisme qui irrigue une foule
de notices biographiques, et lui fait porter des jugements dont la mauvaise foi
finit par être risible.
Or il se
trouve que Toullier se montra, sous la Restauration, quasi-républicain, et
Troplong monarchiste fidèle. Aussi, c'est avec une montagne d'éloges que
Larousse célèbre la vertu du premier,
tandis qu'un tombereau d'imprécations s'abat sur le second.
Je ne doute
pas que ce contraste eût excité la verve de M. Goux, et nous eût valu un billet
dont la lecture aurait été la plus agréable manière de commencer une nouvelle
année (que je souhaite néanmoins heureuse pour tous mes lecteurs et lectrices).
Vous remuez vilainement le couteau dans la plaie, mon cher Michel : vous savez fort bien que, à mon vif et ancien regret, je ne possède pas le Grand Larousse !
RépondreSupprimer"un tombeau d'injures" ?
RépondreSupprimerSerait-ce par influence de l'image ? C'est vrai qu'on pourrait enlever des tombereaux de feuilles, mais s'agissant de feuilles mortes...
Bonne année quand même.
Merci, Monsieur.
SupprimerCoquille corrigée...
La question maintenant légitime, c'est de savoir comment on peut cultiver à la fois Troplong, le monarchiste et Toullier, le républicain ?
RépondreSupprimerAvec l'aide de Bacchus, je suppose que tout s'arrange, mais je ne suis pas sûr que Balzac pensait à cela.
Cher Monsieur,
RépondreSupprimerC'est un travers de juriste que de cultiver, à la fois ou succesivement, l'affirmative et la négative d'une proposition.
Bertrand
Avocat réactionnaire de progrès.