Beaucoup de libéraux, particulièrement ceux qu'un miracle empêchera de jamais
atteindre l'âge adulte quoique puisse affirmer leur état-civil, se plaisent à
se prosterner devant le dieu Internet,
tout en prenant un ton autoritaire pour fortement inciter autrui à manifester
la même vénération.
Dans un mouvement propre à tous fidéles d'une
nouvelle foi (ou néophytes) ils
expriment des revendications fondées
sur un credo dans lequel la raison a peu de part.
De ces revendications, l'une des plus
curieuses, que j'ai encore rencontrée ce matin, est que Internet est, doît
être, doît demeurer (etc.) libre et
démocratique.
Internet est un outil , et qu'il soit un outil de communication ne change rien à sa
nature d'outil, comme l'est un marteau, dont (jusqu'à ce jour) personne n'a
jamais songé à proclamer qu'il fût (et dût être) libre.
Considérons un tournevis. Si M. Dupont
utilise cet objet pour en enfoncer la lame dans l'œil de son voisin, et qu'on
lui fasse remarquer que c'est là un usage interdit, faut-il en conclure qure le
tournevis n'est pas libre?
Ou que l'auteur de cette étrange proposition
a confondu la chose et son usage?
Dans le cas d'internet, l'usage de cet outil
tombe, comme pour tout outil, sous le droit commun de la loi et là où la loi,
comme en France, a aboli, par exemple, la liberté d'expression ou la liberté du
commerce de certaines substances, quiconque utilisera internet pour tenir des
propos interdits ou vendre des produits prohibés, courra un risque élevé d'être
envoyé aux galères, d'autant que les nouvelles
technologies permettent de débusquer avec la plus grande facilité tout
contrevenant (il était moins aisé de trouver les écrivains du samizdat dont les textes étaient
polycopiés).
Aussi, réclamer un "internet
libre" est-il se tromper de combat, car il serait improbable que M. Etat
permît de faire via internet ce qu'il continuerait d'interdire avec un papier
et un stylo.
Quant à un internet démocratique, je me suis (brièvement) interrogé sur le
sens (très éventuel) de cette formule; voudrait-elle dire que l'outil internet
doit muter en un gouvernement élu au suffrage universel? Ou que quiconque s'en
servirait pour émettre quelque critique sur cette démocratie, dont l'expérience
prouve qu'elle ne peut conduire qu'au plus féroce collectivisme, doit être
privé de la liberté d'utiliser cet outil?
En dehors de ces considérations théoriques,
je constate que, à cause d' internet, j'ai perdu une demie-heure à écrire de
petites bêtises plutôt que poursuivre la lecture de l' Histoire du Concile de Trente
de fra Paolo Sarpi dans la traduction de Le Courayer (1751, 3 vol. in-4°).
M'en voici fort marri.
Une demi-heure mais une heure et demie.
RépondreSupprimerL'ajout de ce "e" était nécessaire pour que je demeurasse durant exactement trente minutes devant mon ordinateur pour écrire ces futilités.
Supprimerl' Histoire du Concile de Trente de frère Paolo Sarpi dans la traduction de Le Courayer, voilà un bel outil, qui ne tombe jamais en panne !
RépondreSupprimerMais cela s'arrête bêtement au bout de 18 ans....
SupprimerInternet est plus qu'un outil, c'est un dispositif technique (pour le dire comme Agamben). Un outil ne transforme pas l'homme, l'homme est maître de l'outil. Tandis qu'un dispositif modèle son utilisateur, ce dernier en est dépendant.
RépondreSupprimerTiens, un sophiste.
SupprimerEffectivement, le minitel suffisait amplement à mes modestes besoins.
RépondreSupprimeril y a autre chose à faire que de légiférer à propos d'internet (d'autant plus que certains textes existent)
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