david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

dimanche 6 juillet 2014

Le peuple et les charlatans



        Une femme, pour un motif qu'un sain fonctionnement de son cerveau lui eût fait rejeter, poignarde une autre femme et la tue. C'est là un événement à l'effet tragique pour l'innocente victime, ses proches, ses amis mais qui, comme tout acte irrationnel, ne révèle rigoureusement rien sur l'état de la société, pas plus que ne le ferait la foudre tombant sur un passant.
       Il se trouve que ce crime a été commis dans une école et a frappé une institutrice. L'école est  aujourd'hui un lieu sacré , l'institutrice une personne sacrée, il fallait donc s'attendre à ce que ce double sacrilége déclenchât l'habituel torrent de propos d'une stupidité ahurie, nous n'avons pas été déçus.
     Dans ce flot insane, j'ai relevé cette affirmation  colportée, avec égards et approbation,  par le pathétique quotidien de référence (sic)  et émanant de l'un de ces psychologues qui vivent au crochet de gogos contribuables :
 " Le psychisme humain n'est pas préparé pour assumer cela" [ cela : le spectacle d'un acte de violence].
   S'il en était ansi, il y a fort longtemps que l'espèce humaine eût disparu. 
   Supportant de moins en moins l'agressive crétinerie de l'actuelle société "occidentale", je trouve plaisir et réconfort dans les récits de notre passé, et particulièrement dans les Mémoires que rédigèrent des femmes et des hommes de temps disparus.
   Ce sont des temps où les spectacles d'horreur étaient monnaie courante, l' esprit humain (que le cuistre nomme "psychisme") pouvait les déplorer ou condamner, mais il les acceptait ("assumait").
   Ce sont des temps où, à la sortie des villes se dressait un gibet, les corps des suppliciés y demeuraient jusqu'à ne plus être qu'un squelette que les intempéries disloquaient enfin, des temps où femmes, hommes, enfants se pressaient sur la grand'place pour voir rouer, écarteler ou décapiter quelque criminel, des temps où les soldats tuaient leurs ennemis avec une parfaite bonne conscience, et où la vision d'un cadavre était dans l'ordre de la nature –ce furent des temps qui durérent des millénaires, et dont l'esprit humain s'accomoda fort bien.
  Ce sont aussi des temps où n'existaient pas ces psychologues crapuleux dont le seul "talent" consiste à persuader autrui qu'il a, à la moindre vision sortant de son ordinaire, subi un traumatisme, puis à percevoir des honoraires, ou un salaire, pour guérir le mal que seuls leurs mensonges ont provoqué.
  Que prospérent désormais les parasites marchands de soutien psychologique est une marque éclatante de la veulerie d'un peuple qui les nourrit sans un instant s'interroger sur le bien-fondé de leur charlatanesque activité, et je retourne lire les Oeconomies royales (ou Mémoires) de Maximilien de Béthune, duc de Sully, pair, maréchal de France, grand-maître de l'artillerie, prince souverain d'Enrichemont, etc., pour retrouver des Hommes (et des Femmes, et même des enfants, qui alors n'étaient pas des poupées larmoyantes).

8 commentaires:

  1. que les intempéries disloquaient enfin
    Les corbeaux sont plus rapides que les intempéries...

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    1. Placez un cadavre dans un pré, et observez.
      Les corbeaux mangent très vite les yeux, puis un peu de chair selon leur appétit, mais ne s'attaquent pas aux ossements, qui sont peu nourrissants et sans goût.

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    2. Pour disloquer un cadavre, il est inutile de s'attaquer aux ossements, il suffit de s'en prendre à ce qui les tient ensemble.

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  2. J'ignorais que Sully avait laissé des mémoires.

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  3. Tout à fait d'accord avec vous quant à ce que peut endurer l'esprit humain.

    Si nous étions tous faits à l'image de ces rosières qui semblent tenir le haut du pavé, il ne pourrait pas y avoir de postulants à la carrière de sapeur pompier, de flic, de militaire, métiers où l'on est confronté au quotidien à la violence et à ses conséquences.

    Ma vision est peut-être faussée par ma pratique professionnelle, mais je crois sincèrement que les hommes et les femmes sont majoritairement capables, pour "x" raisons, à un moment donné de leur vie, de commettre des actes violents. C'est dans la nature humaine. Je crois aussi que la majorité de nos semblables sont attirés par le spectacle de la violence, il suffit de regarder les attroupements de curieux se pressant sur les lieux d'un accident, d'un meurtre sur la voie publique. Seul le regard des faiseurs d'opinion a changé. La dernière exécution publique, d'Eugène Weidmann, a eu lieu à 4 heures 30, devant la prison Saint-Pierre de Versailles. Les autorités espéraient que l'heure matinale aurait eu raison de la foule des curieux, il n'en fut rien. Des chambres donnant sur le parvis furent louées, les arbres étaient remplis de photographes et de badauds attirés par le spectacle.

    Les tartufes post-modernes peuvent bien chouiner, cela ne changera rien à la réalité. Et c'est tant mieux, car sinon, cela signifierait que nous sommes condamnés à disparaître. Peut-être est-ce cela qu'ils désirent secrètement.

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  4. Le plus curieux est qu'il existe une littérature scientifique abondante qui traite de ce type d'interventions...

    "given the fact that single-session psychological debriefing may cause harm in some people, and both multiple-session psychosocial interventions and pharmacotherapy have limited proven benefit" BJP, 2014

    Eli

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