Une curiosité de vieillard désoeuvré m'a
poussé à lire les propositions d'une
sorte de mouvement né hier à Béziers, étrangement nommé Oz ta droite, et qui regroupe, ou espère regrouper, tous les
partisans d'un Etat autoritaire et nationaliste.
Parmi cet amas de propositions certaines
sont de simple bon sens, d'autres franchement répugnantes, particulièrement
contre le port du voile ou la
construction de mosquées, mais l'une d'entre elles mérite un plus ample
commentaire.
Je la cite :
" Supériorité du politique sur le
juridique, et limitation du contrôle de constitutionnalité."
Cette affirmation (ou projet?) ne signifie
rien d'autre que la disparition de ce qu'il est convenu d'appeler l' Etat de droit, lequel a été
scrupuleusement respecté par tous nos Rois, et même, quoiqu'avec moins de
rigueur, par tous les gouvernements républicains et démocratiques.
L'Etat de droit, je le précise, existe quand
le souverain, qu'il soit monarque héréditaire ou élu, est soumis à la loi,
id-est quand le juridique est supérieur au politique.
Du temps de la monarchie et de la
civilisation, le Roi, certes, créait la loi, mais une fois que celle-ci avait
été édictée, il y obéissait, et bien souvent, les magistrats donnaient raison à
un sujet contre la Couronne (ce que Louis XIV fit lui-même à maintes reprises
en son Conseil privé, qui jugeait en dernier ressort).
Les institutions de la Cinquième république
ont été modifiées de telle sorte que le Parlement soit soumis au Président, ce
qui entraîne que le législatif n'est qu'une chambre d'enregistrement des édits
voulus par l'éxécutif, mais, en théorie, les membres du Parlement peuvent
refuser d'enregistrer, et quoiqu'il en soit, une fois que les lois sont votées,
le politique (l'éxécutif) est tenu
d'y obéir et de se conformer aux arrêts (justes ou injustes est une autre affaire)
rendus par les magistrats.
Mieux encore. Il existe une hiérarchie de la
norme juridique : de même que la loi est supérieure au règlement, la Constitution est supérieure à la loi.
Fini!
Avec Oz
ta droite, n'importe quelle loi bafouant la Constitution pourra entrer en
vigueur. C'est d'ailleurs là une proposition
redondante puisque le politique supérieur
au juridique pourra faire n'importe quoi comme cela lui chante sans se
soucier des lois. (Il y a bien une Convention
européenne des Droits de l'Homme à laquelle l'Etat français a adhéré, mais Oz ta droite propose très logiquement de
la jeter par la fenêtre)
L'univers du Wizard of Oz resplendit de couleurs flamboyantes, celui d' Oz ta droite a les teintes sombres
–brunes?—d'un cauchemardesque despotisme.
D'où il ressort que la jeune et accorte Marion Le Pen a fait preuve de flair en s'esbignant vite fait de ce cirque, à mon avis plus foklorique qu'inquiétant.
RépondreSupprimerAllusion au coup d'Etat juridique du 16 juillet 1971 (cf Zemmour) :
RépondreSupprimerLe suicide français
Le débat est ouvert.
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RépondreSupprimerMerci!
RépondreSupprimerNous vivons une époque où l'on considère comme allant de soi qu'une dose supplémentaire de tyrannie est nécessaire pour circonscrire ce qui, prétendument ou réellement, nous menace. Quelle bêtise insondable !
RépondreSupprimerA vrai dire nous sommes rentrés depuis des décennies dans une ère totalitaire, exacerbée par des minorités vindicatives – une ère où la liberté de pensée est devenue crime de la pensée, et qui viole, ici et maintenant, sans vergogne les principes mêmes de la Constitution.
Voilà où nous en sommes à ce jour, voilà à quel jeu stérile et imbécile s'adonnent et surenchérissent quelques pitres de la communication dominante. C'est à pleurer.
Des mages et magiciens, j'en connais de plus respectables.
Sans être ni un thuriféraire ni un exégète il me semble que votre interprétation est un peu maligne.
RépondreSupprimerEn effet ce qui est sous-jacent dans la proposition de "Ose ta droite" c'est qu'il est anormal qu'il existe un gouvernement des juges, autant qu'il serait scandaleux qu'il n'y eut point de magistrats.
Lorsque est promulgué un texte juridique élaboré conformément à la Constitution son détournement à des fins partisanes ou politiques par certains juges est tout de même inquiétant.
Il en est de même pour un Conseil constitutionnel qui, de décisions en décisions, acquière un pouvoir illégitime et s'érige en maître de la loi alors qu'il ne devrait en être que le fidèle, mais modeste, gardien.
Mais qui veut noyer son chien ...
C. Monge