Il est
regrettable que M. Président s'en soit allé aux antipodes vérifier que les
habitants de ces contrées se tiennent bien la tête en bas pendant que son
propre peuple était abandonné à l'une de ces menaces terrifiantes qui font le
bonheur des medias.
Quiconque a
l'amabilité de suivre mes billets aura compris, à la lecture de ce premier
paragraphe, que je vais en venir à l'affaire du tigre qui a plongé dans l'effroi de pourtant vaillantes populations
tandis que les hautes autorités républicaines leur conseillaient de se
calfeutrer dans leurs humbles chaumières.
Et puis...,
et puis non.
De ce
retour, dans un habitat qui ne lui était pas familier, de la Bête du Gévaudan,
je ne trouve rien à commenter, ou analyser, tant il ne se produisit rien, dans
la naissance, le développement et l'exploitation de cette peur que nous n'ayions déjà pu observer des milliers de fois,
jusqu'à la conduite de ces experts,
spécialistes et chercheurs qui , des heures durant, épluchèrent les
quatre-vingt sept volumes de l' Histoire naturelle
de M. de Buffon pour apprendre que la patte d'un tigre est assez grosse, d'où ils finirent par conclure que l'empreinte d'une petite patte trahit le passage d'un plus
petit animal, tel que le felis domesticus.
Un amateur
de logique noterait que le fait que cette inquiétante empreinte ne soit pas celle d'un
redoutable mangeur d'hommes n'exclut pas qu'il puisse se dissimuler dans un
fourré voisin un authentique tigre dont les traces auraient échappé à nos
perspicaces naturalistes, ce serait là pinailler.
Il serait
également possible de suggérer que la peur
du tigre vient du caractère allogène de cet élégant mammifére, et que pour
s'en protéger la solution est de faire subir au ronronnant animal cette remigration dont les apôtres tiennent ce
jour des assises (prélude au retour
de la guillotine ?) réunissant l'élite des penseurs du socialisme-national—je
crains que ce rapprochement ne paraisse tiré par les cheveux.
Bref, le
sujet de billet que j'avais espéré trouver
dans l'actualité s'effiloche et se dissout dans sa propre insignifiance,
ainsi m'étant exercé à parler pour ne rien dire je me sens très apte à réussir
une carrière politique – ou à écrire des traités philosophiques.
Cette chasse au tigre qui n'en était pas un a bénéficié d'une couverture médiatique hallucinante, preuve que cette histoire était importante, non ?
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