david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

samedi 15 novembre 2014

Encore la peur de l'immigré



   Il est regrettable que M. Président s'en soit allé aux antipodes vérifier que les habitants de ces contrées se tiennent bien la tête en bas pendant que son propre peuple était abandonné à l'une de ces menaces terrifiantes qui font le bonheur des medias.
   Quiconque a l'amabilité de suivre mes billets aura compris, à la lecture de ce premier paragraphe, que je vais en venir à l'affaire du tigre qui a plongé dans l'effroi de pourtant vaillantes populations tandis que les hautes autorités républicaines leur conseillaient de se calfeutrer dans leurs humbles chaumières.
   Et puis..., et puis non.
   De ce retour, dans un habitat qui ne lui était pas familier, de la Bête du Gévaudan, je ne trouve rien à commenter, ou analyser, tant il ne se produisit rien, dans la naissance, le développement et l'exploitation de cette peur que nous n'ayions déjà pu observer des milliers de fois, jusqu'à la conduite de ces experts, spécialistes et chercheurs qui , des heures durant, épluchèrent les quatre-vingt sept volumes de l' Histoire naturelle de M. de Buffon pour apprendre que la patte d'un tigre est assez grosse, d'où ils finirent par conclure que l'empreinte d'une petite patte trahit le passage d'un plus petit animal, tel que le felis domesticus.
   Un amateur de logique noterait que le fait que cette inquiétante empreinte ne soit pas celle d'un redoutable mangeur d'hommes n'exclut pas qu'il puisse se dissimuler dans un fourré voisin un authentique tigre dont les traces auraient échappé à nos perspicaces naturalistes, ce serait là pinailler.
   Il serait également possible de suggérer que la peur du tigre vient du caractère allogène de cet élégant mammifére, et que pour s'en protéger la solution est de faire subir au ronronnant animal cette remigration dont les apôtres tiennent ce jour des assises (prélude au retour de la guillotine ?) réunissant l'élite des penseurs du socialisme-national—je crains que ce rapprochement ne paraisse tiré par les cheveux.
  Bref, le sujet de billet que j'avais espéré trouver dans l'actualité s'effiloche et se dissout dans sa propre insignifiance, ainsi m'étant exercé à parler pour ne rien dire je me sens très apte à réussir une carrière politique – ou à écrire des traités philosophiques.

1 commentaire:

  1. Cette chasse au tigre qui n'en était pas un a bénéficié d'une couverture médiatique hallucinante, preuve que cette histoire était importante, non ?

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