Comme le monstre du Loch Ness et la
candidature de M. Pompidou à la prochaine élection présidentielle, l'affaire de
l'étrange mariage unissant des
messieurs à messieurs et des dames à dames ressurgit de ci de là, au rythme vif
des feuilles tombant des arbres (en ce bel automne).
Dans ce débat apparaissent en première ligne
des fidéles de la foi catholique, qui
crient bien haut leur hostilité à ce nouveau mode d'union conjugale et même,
sans vouloir leur faire de procès d'intention, semblent montrer une certaine répulsion pour les
adeptes des amours unisexe.
Imaginons, car tout est possible en
politique, que ces nouveaux croisés, ou leurs alliés, arrivent au pouvoir, quel sort serait alors réservé aux citoyens de
Sodome ?
Je viens jutement d'acquérir le Dictionnaire portatif des Conciles contenant
une somme de tous les Conciles
(etc.) avec une collection des Canons les plus remarquables ( Paris, 1768, avec approbation et privilège ) dû au prolifique
compilateur que fut Pons-Augustin Alletz (1703-1785).
Ces canons
sont la loi suprême de l'Eglise apostolique et romaine, le Saint-Esprit en a
inspiré la rédaction, et ils valent pour toute éternité.
Notre sujet a été traité dans le canon
Trois du Concile de Tolède tenu en l'an de grâce 693 et composé de
cinquante-neuf évêques, cinq abbés et trois députés d'évêques, assistés du Roi
Egica et de seize Comtes, canon qui édicte que:
"Ceux qui péchent contre la nature sont
condamnés à être séparés des Chrétiens pour toute leur vie, recevoir cent coups
de fouet, être rasés par infamie, & bannis à perpétuité, & ne recevront
la Communion qu'à la mort."
Voilà qui est clair mais... la sodomie
est-elle réellement un péché contre la
nature?
Voyons l'avis d'un homme qui fut à la fois
un chercheur, un expert et un spécialiste
en la matière, dont les œuvres, jadis maudites pour leurs audaces
très-républicaines, sont désormais,
contrairement au Dictionnaire des
Conciles, proposées aux enfants des écoles et interminablement commentées
par d'austéres universitaires, j'ai nommé Donatien-Alphonse (ou Aldonse ? )-François de Sade -- citation :
"Jamais la nature [c'est moi qui souligne] , si tu scrutes avec soin ses lois,
n'indique d'autre autel à nos hommages que le trou du derrière; elle permet le
reste, mais elle ordonne celui-ci. Ah! sacredieu! Si son intention n'était pas
que nous foutions des culs, aurait-elle aussi justement proportionné leur
orifice à nos membres? Cet orifice n'est-il pas rond comme eux? Quel être assez
ennemi du bon sens peut imaginer qu'un trou ovale puisse avoir été créé par la nature [je souligne encore] pour des membres ronds!"
Alors, péché contre la nature ou obéissance
à ses lois?
Jouons cela à pile ou face.
PS.On peut remarquer que la démonstration
de Sade s'appuie sur une logique utilitariste-déterministe déjà utilisée par
Bernardin de Saint-Pierre à propos du prédécoupage du melon.
Le mot "nature" a-t-il le même sens chez Sade et chez et les conciliaires de Tolède ?
RépondreSupprimerDans l'extrait sadique, le dialogue est-il entre un homme et une femme ou entre deux hommes ?
1.Natura abhorret vacuum...
Supprimer2.Entre un chevalier et un bouc, sauf erreur.
Être rond est une condition suffisante mais non nécessaire pour être inséré dans un trou rond.
RépondreSupprimerVoilà qui est d'une saine logique.
SupprimerLa seule conclusion que je peux tirer de ce billet c'est que manifestement Sade avait une meilleure connaissance du genre humain que les 84 membres du concile de Tolède.
RépondreSupprimerOn ne peut pas être plus clair sur le sujet...
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