david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

mardi 20 mai 2014

Croissance zéro et misogynie



   Un gros commis du Président a annoncé, avec cet air de contentement qui marque aujourd'hui tout porteur de nouvelles, bonnes, mauvaises ou indifférentes mais qui sont occasion de se montrer à la télévision, qu'au dernier trimestre la croissance du PIB de l'ex-Gaule avait été de zéro.
    Voilà qui semble signifier, dans l'esprit de l'orateur, que pour ledit trimestre le montant de ce PIB a été exactement le même qu'au trimestre précédent.
    C'est là un remarquable exploit.
    Quiconque a eu à comparer pour des périodes données des chiffres d'affaires – bon équivalent de ce PIB – a constaté que ces montants ne sont jamais identiques; imaginons une petite entreprise qui fait, une année 11.327.899 euros de chiffre, eh bien, il n'y a quasiment aucune chance qu'elle fasse l'année suivante encore ces mêmes 11.327.899 euros, et cette chance de stricte égalité devient de plus en plus improbable, et même nulle, au fur et à mesure que les montants en jeu augmentent  -- autrement dit, ce montant de PIB a été nécessairement plus ou moins que le précédent.
   Mais sans doute est-ce là pinailler, passons à autre chose.
   Donc ce pays, dixit le gros commis, peut se féliciter d'une croissance zéro.
   Les politiciens, on le sait, ont coutume de proférer des phrases vides de sens, et nous en avons ici un charmant exemple.
   Vous avez un enfant que vous mesurez régulièrement, le mois dernier, il était haut de 123 centimètres, même chose ce mois-ci, iriez-vous dire qu'il a grandi de zéro pour cent? Il y aurait tout autant de sens à vous exclamer que votre bambin chéri a diminué de zéro pour cent.
    En fait, gros commis qui, s'il n'est pas très intelligent est un individu roublard, s'était trouvé devant un délicat choix communicationnel.
   Voyant ses domestiques lui apporter des tableaux Excel coloriés d'où il ressortait que ce  fantasque PIB était, à la louche, dans les mêmes eaux que le précédent, il a vite compris qu'il pouvait annoncer   une stagnation, terme peu flatteur donc éliminé, ou bien une diminution  zéro, ou encore  une croissance zéro ; parler diminution, même s'il n'y en a pas, peut susciter de mauvaises pensées d'échec gouvernemental dans l'esprit des électeurs, tandis que croissance... une fois le mot prononcé, il est permis d'espérer que les auditeurs ne feront pas attention au zéro qui suit, surtout les femmes, peu attentives aux chiffres par leur nature, mais qui forment la majorité du corps électoral.
   Qui dénoncera la misogynie sournoise sous-tendant le discours des élites?

1 commentaire:

  1. Moi ! mais ne serait-ce pas de l'androphobie qui sournoisement s'étend , la féminisation de l'espèce peuple ?

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