david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

vendredi 24 janvier 2014

Nouveau méfait des écoterroristes



   Afin de faire ronronner d'aise ces fanatiques ennemis de l'espèce humaine que sont les écoterroristes (ou peste verte), l'Assemblée nationale (soit une douzaine de députés en séance votant pour leurs camarades partis batifoler ci et là) a hier édicté une nouvelle et superbe loi prohibant la commercialisation, l'usage  et la détention de divers produits .
  Ces produits sont, pour l'essentiel, des herbicides et pesticides.
   Expliquons.
   A la première ligne d'une ancienne encyclopédie de biologie, on pouvait lire : "la nature  du vivant est de proliférer : la vie est envahissante, c'est là l'un de ses caractères le plus frappant".
  Cette assertion ( qui devrait fonder toute morale sociale, mais c'est un autre sujet) se vérifie par l'expérience -- il suffit pour cela d'observer les fruits de l'union d'un monsieur et d'une dame souris ou romanichels--, et tout particulièrement lorsque l'on contemple un espace couvert de terre.
  Sans la moindre intervention de l'expérimentateur, on observe que, aux premières chaleurs du soleil printanier, apparaissent de petites pousses d'un plaisant vert qui, au fil des jours, grandissent, et deviennent orties, chardons, ronces, plantins et autres végétaux que l'on nommait dans les siècles obscurs mauvaises herbes.
   L'effet de cette vie proliférante est de transformer en l'espace d'une saison tout parc ou jardin en jungle, ce qui n'est pas sans charme, mais a aussi quelques inconvénients – empêcher tout passage, étouffer les oeillets que l'on souhaitait voir fleurir, servir d'abri à de dévastateurs sangliers, etc.
   Bref, qui désire se promener dans son jardin ou parc, en admirer l'ordonnancement et se réjouir de la vue de tulipes, roses ou glaïeuls (etc.) doit se résoudre à agir contre la prolifération des intrus.
    Une solution consiste à se mettre à plat ventre sur le sol, puis à saisir entre le pouce et l'index toutes tiges naissantes et indésirables, enfin les arracher et les aller porter dans des poubelles recyclables après avoir soigneusement trié les espéces ( conteneur de droite : ronces, à gauche: orties, etc. ...).
  Cette méthode est efficace, elle est particulièrement appropriée aux petits espaces.
  Si le territoire est d'une certaine importance, il est recommandé de faire appel à un personnel spécialisé pour effectuer cette tâche , ainsi, vers 1880, M. de Rothschild employait une centaine de jardiniers pour préserver son domaine de Ferrières d'une végétation apportée par les vents.
  Las, l'augmentation du coût du travail humain entrave cet usage (M. de Rothschild a même dû se résoudre à refiler Ferrières à M. Etat), mais il a été trouvé une solution de substitution –d'ingénieux chimistes et botanistes ont découvert des substances que l'on vaporise (en marchant, debout, non en rampant) sur le sol et qui détruisent les fameuses mauvaises herbes. Mieux, se faisant aider de zoologues, ces inventeurs ont trouvé d'autres produits qui exterminent pucerons et parasites divers, dont on ne pouvait autrefois se débarrasser qu'en en saisissant les larves avec une pince à épiler sur chaque feuille de la plante attaquée.
   Pour quiconque ne vit pas uniquement entre béton et macadam comme les très citadins écoterroristes mais dispose d'un lopin de terre qu'il soigne avec amour, ces herbicides et pesticides étaient bien pratiques, il est donc dans l'ordre des choses qu'ils soient désormais interdits, sous des prétextes relevant du mensonge, de l'imposture et de l'ignorance.
  M. Etat et ses pseudopodes possédent pour leur part des milliers d'hectares de parcs, jardins, et espaces divers qui demandent un certain entretien ( car la végétation proliférante, qui est mauvaise citoyenne, ne respecte pas la propriété dite publique).
   Réjouissons-nous : M. Etat va donc créer des milliers d'emplois en embauchant une immense foule de chômeurs qui seront affectés à l'arrachage manuel des ronces, orties etc.
   Nous sommes-nous réjouis trop vite?
   La nouvelle loi prévoit une exception pour les "autoroutes, voies ferrées et aéroports", sur ces territoires couvrant des centaines de kilomètres carrés il sera permis d'utiliser les substances interdites au particulier voulant traiter quelques mètres carrés, car un simple vote a suffit pour ôter  aux herbicides etc. utilisés par M. Etat toute la dangerosité invoquée pour en justifier le bannissement.
   Pour des raisons mystérieuses, cette loi n'entrera en vigueur qu'en 2020 ( ou 2022 – il y a ici un flou législatif...), attendons donc quelques retours de saisons pour voir le territoire gaulois encore champêtre transformé en une idéale forêt amazonienne, d'où seront enfin chassés tous les humains.
    Mais qui pourront se réfugier sur les autoroutes, voies ferrées et aéroports.

10 commentaires:

  1. J'aime beaucoup votre -on ne saurait mieux dire. Il est à craindre, à vous lire, que si le territoire gaulois se transforme en jungle amazonienne, il soit également envahi d'une faune allogène !

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    1. Il était question de votre "peste verte", dans mon commentaire ci-dessus. Si blogspot bouffe mes balises HT-machin-L, mais où va-t-on ?

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    2. Encore un miracle du dieu internet!

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  2. Pour l'arrachage des orties à la main par les populations laborieuses et socialement désavantagées, il faudra tout de même prévoir des gants assez épais.

    Et pour les ronces, des mitaines en acier articulées, façon chevalier médiéval, ne seront sans doute pas superflues.

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  3. Le vert est à la politique ce que le puceron est au rosier ou la limace à la laitue. C'est contre eux qu'il faudrait inventer de nouveaux pesticides.
    Ils ravagent tout ce qu'ils touchent.

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  4. Moi qui venais de me résoudre à utiliser du désherbant après m'être résigné l'an dernier aux insecticides ! Enfin, j'ai (peut-être) encore 6 à 8 ans devant moi pour mettre ces intentions criminelles en œuvre. Gageons que, d'ici là, on nous concoctera des produits bio aussi inoffensifs qu'inefficaces.

    Saluons au passage le réalisme de votre évocation des tâches du jardinier écolo.

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  5. J'ai vu dans une vidéo un agronome qui disait :
    - Une mauvaise herbe, c'est une bonne herbe qui est à la mauvaise place.

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