david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

dimanche 27 octobre 2013

Ce qu'il reste après Leonarda



    Bis repetita...Bis ? Non, c'est mille et mille fois que j'ai lu et lis dans les gazettes les mêmes nouvelles, toujours  plus d'interdictions et de contraintes, toujours plus d'impôts, toujours plus de discours hargneux et vides de sens, litanies de phrases affirmant le contraire des conséquences qu'elles produiront nécessairement, et certes la répétition de cette continuelle malfaisance absurde ne me plaît pas – et ? Et quoi ? Protester? Ou seulement râler ? C'est-à-dire pousser ces petits glapissements que seules entendent nos oreilles, couvrant ainsi, un bref instant, et pour nous uniquement, le bruit du monde?
    Ou, renonçant à toute action, et même à toute possibilité d'action, observer, et tenter de comprendre pourquoi il en est ainsi, pourquoi cette société que je honnis , qui m'est, en tous ses aspects, en abomination, existe et perdure?
    Cette société, société occidentale qui couvre toute l'Europe, l'Amérique du nord  -- et toute la terre ? non, pas encore tout-à-fait la totalité de notre planète, et c'est là que reste quelque espoir – eh bien, cette société fonctionne , en dépit de vices que, pour des raisons exactement opposées aux miennes, dénoncent ses thuriféraires, indignés que ne soit pas déjà atteint ce mélange de 1984 et Brave new world , qui est leur idéal.
   Elle fonctionne, car sa réalité est que les citoyens , dans leur grande masse, mangent mieux qu'à leur faim, se vêtent au gré des modes, ont un toit pour les abriter, sont chauffés et éclairés, et, travaillant peu pour obtenir plus que n'ont jamais eu leurs ancêtres, ont assez de loisirs pour se divertir, avec des joujoux infantiles, des spectacles débiles et des voyages en troupeau, de leur médiocrité à la fois repue et insatisfaite.
   Quelques novateurs audacieux ont, dernièrement, avancé le projet d'inclure dans le calcul du PIB d'une nation un indice de bonheur de ses habitants. Peut-être quelqu'un a-t-il remarqué qu'un indice est une quantité et que le bonheur n'est pas objectivement quantifiable comme la production d'acier ou de poireaux, que, au mieux, un individu peut exprimer un sentiment, dont l'intensité est variable au gré de sa perception d'événements divers qui l'affectent plus ou moins directement, et que l'expression par un nombre de ce sentiment n'aurait que la valeur d'un éphémère sondage, je ne sais quelle en fut l'exacte raison mais le projet fut abandonné (quoique je ne doute pas que des chercheurs subventionnés continuent d'y travailler).
    Nulle statistique officielle ne nous apprendra donc si nos semblables sont heureux ou malheureux, et à quel degré, en revanche, pour la Gaule,  des rapports confidentiels ( et publiés...) de préfets  nous révèlent ce qu'il nous semblait avoir déjà observé :  une grande partie de nos concitoyens sont mécontents.
   L'effet de ce mécontentement, dont les raisons sont multiples et bien souvent opposées, pourrait être de provoquer lors de diverses élections, certaines proches, d'autres plus lointaines, un changement de personnel politique, c'est-à-dire que certains individus perdraient leur place, dont d'autres individus s'empareraient, d'où satisfaction des partisans des vainqueurs, et pleurs amers du côté des perdants : le mécontentement aurait changé de camp.
   Qu'en résulterait-il ? Un grand nombre des futurs nouveaux vainqueurs, vieux chevaux de retour, ont déjà occupé  les places qu'ils espérent reconquérir et puisque à l'arbre on connaît les fruits, nous savons qu'à quelques détails ( et discours) près tout continuera comme devant, et même si triomphait le parti dont on ne peut écrire le nom ( la Bête immonde) dont le plus grand mérite ( d'ailleurs réel ) est de n'avoir jamais détenu le pouvoir, la lecture de son programme national et socialiste nous montre qu'il est plus destiné à détruire que reconstruire.
  Et les citoyens râleront, et réclameront toujours plus de prohibitions et plus de prébendes (dont le coût sera peut-être supporté par d'autres catégories de contributeurs forcés), et la société sera toujours la même  et, par des dimanches d'automne pluvieux, sans doute mon esprit s'encombrera-t-il à nouveau de pensées futiles , et qu'il est vain d'écrire.
   Car seul m'intéresserait réellement d'observer la disparition de ce monde (pour le meilleur ou pour le pire ), comme me fascine la disparition de l'Empire romain d'Occident ( appellation d'ailleurs impropre, car s'il y eut un empereur d'Occident, l'Empire romain fut toujours un, même amputé de ses originelles provinces ) ou la catastrophe de 1789,  d'en contempler l'écroulement ou l'évanouissement, et d'en chercher les causes, mais c'est là une préoccupation d'après le monde.
   Dont la fin peut être plus brutalement proche que dans mes rêves.

11 commentaires:

  1. Bien qu'agréablement écrite, cette homélie du R.P. Michel me semble quelque peu désabusée voire pessimiste. Je ne peux m'empêcher de penser qu'il existe une possibilité que le goût de la nouveauté pousse nos contemporains ou ceux qui nous suivront à cesser de marcher sur la tête et à se remettre sur pieds. Il s'agirait toujours de la fin d'un monde, m'objectera-t-on...

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  2. Qui a dit qu'en politique le désespoir était une sottise absolue ?

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    1. Au risque d'être condamné au bûcher, j'écris le nom : Charles Maurras !

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  3. Croyez-vous que nous pourrions être grandement remplacés par les Turcs ? Je me rends compte que j'aime assez la littérature turque, et j'aimerais avoir des voisins avec qui en parler. Comme je n'ai jamais eu de voisin gaulois avec qui parler de la chanson de Roland, je gagnerais au change.

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    1. Qui vous garantit, cher Mat, que vos voisins turcs seraient férus de littérature ?

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    2. Ce n'est pas garanti, mais ça se tente, non ? Et puis, vous n'allez pas me reprocher de prendre les choses du bon côté ?

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    3. Et le Grand Vizir fut pendant si longtemps notre allié contre les Habsbourg!
      Prions Allah pour la résurrection de l'empire ottoman!

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    4. Bon, si les Turcs doivent arriver, moi aussi je vais me préparer. En commençant par aller enculer quelque jeune garçon dans un hammam surchauffé et bienfaisant : il ne sera pas dit que je raterai le train (!) de l'histoire.

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    5. Vous avez raison. Etant partisans de l'assimilation, nous nous devons de prêcher l'exemple : lorsqu'ils arriveront, nous serons plus turcs que les Turcs, et donc parfaitement intégrés !

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    6. Euh, oui, mais si nous sommes déjà Turcs, comment pourront-ils nous enrichir de leur merveilleuse différence?
      Y a un truc qui cloche là-dedans.

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