david in winter

david in winter

Editeur. Ecrivain. Dilettante

vendredi 4 octobre 2013

Alexandre Borgia et Léonard de Vinci, héros très-modernes.



   La première saison de Da Vinci's Demons s'est achevée sur un flamboyant cliffhanger, la dernière image montrant Léonard et Laurent de Médicis, fort blessé et couvert de sang, réfugiés dans une sacristie dont leurs poursuivants font exploser la porte. Pour les derniers épisodes, les scénaristes s'étaient enfin décidés à abandonner avec franchise leurs faibles prétentions au moindre réalisme historique, et j'ai apprécié sans arrière-pensée la rencontre, sanglante, entre Léonard et ... Dracula.
  Cet amusant spectacle me donna envie de ne pas quitter la Renaissance italienne, et je sortis d'une pile la saison Trois ( and the last one ) de The Borgias —the original crime family.
   Par un hasard prouvant que les grands esprits se rencontrent, deux séries sur les Borgias s'offrirent en même temps aux spectateurs avides de sang, de sexe, et de poison, toutes deux tournées en anglais, et avec des distributions cosmopolites.
   L'une, sobrement titrée Borgia, est une coproduction de divers pays européens avec une prééminence tchèque, et il semble que le premier souci de ses promoteurs a été de rafler toutes les subventions s'offrant à leur cupidité – ils y sont fort bien parvenus. Le produit , lui, est construit sur d'usés clichés anticléricaux puisés dans les manuels scolaires répulicains, les personnages sont conformes à cette routine, l'acteur qui joue le Pape Borgia est bon, la malheureuse interprète, russe ? , de Lucrèce Borgia exécrable – mais l'écriture du rôle est épouvantable de niaiserie moderne--, les autres acteurs... couci couça. Malgrè ces légères réserves, la saison Un se laissait regarder, sans plus, l'attention se réveillant grâce à ces divers anachronismes et incohérences qui font toujours sursauter quiconque a une vague familiarité avec ces temps enfuis. La saison deux ( et dernière ) dégage, elle, un tel ennui que je n'ai pu dépasser le deuxième épisode ( et donc la chose est allée reposer sous une pile, pour l'éternité...).
   The Borgias , dont le sous-titre affirme hautement la volonté de se référer au Godfather et à toutes les épopées mafieuses, est une coproduction nord-américaine ( beaucoup de Canada, un peu d'Hollywood ), créée par Neil Jordan, réalisateur estimable, et avec Jeremy Irons dans le rôle du Pape, ce qui permet d'espérer une certaine qualité.
   Disons avec indulgence que cette série est, faible exploit, un peu meilleure que sa rivale européenne, que les décors ( tournés en Hongrie) sont superbes et habilement utilisés, ainsi que les costumes, et si la splendeur visuelle de la Renaissance est présente, de son esprit il ne nous est offert qu'une caricature primaire et vulgaire.
   Pourquoi, me demandais-je souvent en regardant des séries historiques, les auteurs de ces productions à gros budget, qui sont des gens de talent,qui savent lire et s'entourer de réels historiens, se montrent-ils obstinément incapables de restituer les mentalités, les mœurs et coutumes de l'époque où se déroule leur récit ?
   Je crois qu'il ne faille pas incriminer une paresseuse ignorance, mais la volonté consciente de montrer des situations et des actions acceptables pour le public de cadres moyens et très-moyens qui est la cible des chaînes cablées, public lecteur des journaux et magazines les plus conformistes et politiquement corrects, public frotté de fausse culture et prisonnier des préjugés de notre siècle, public qui n'accrocherait pas au spectacle si lui étaient montrés hommes et femmes de jadis tels qu'ils furent véritablement, vivant et agissant selon des normes impensables aujourd'hui, mais qui se sent à la fois agréablement dépaysé par le décor et le vêtement, comme un touriste en voyage organisé, et rassuré en voyant des scènes d'homosexualité masculine, des Noirs dans des cours royales ou des prêtres pédophiles, et en entendant les héroïnes se tourmenter de questions qui tarabustent les lectrices de Elle.
   Ainsi sont fâcheusement modernes les séries historiques.
   Seul échappa à ce vice le chef d'œuvre de John Milius, Rome, qui sut recréer sans faute ni concession le temps de César et d'Auguste.
   Aussi, la troisième saison, annoncée, de Rome,  ne fut-elle jamais tournée...

3 commentaires:

  1. C'est effectivement le problème des séries historiques, mais aussi des romans.

    Tenez, j'achève péniblement la lecture d'un fastidieux "Mordred", de Justine Niogret. J'espérais une relecture intéressante du mythe arthurien.

    L'auteur a pris le parti de rendre sympathique le fameux traître de la matière de Bretagne. Elle procède en le dépeignant comme un gentil paumé, un écolo aimant les arbres, philosophant sur les horreurs de la guerre, voire un peu libre penseur, dans un monde arthurien brutal et obscurantiste.

    C'est atterrant, et même pas assez involontairement drôle pour que j'en tire le billet sarcastique que je prévoyais.

    Une vraie perte de temps.

    RépondreSupprimer
  2. Quelle drôle d'idée que lire ces bêtises quand attendent de petits travaux d'écriture....

    RépondreSupprimer
  3. C'est vrai, ça : feriez mieux d'écrire, fainéant !

    RépondreSupprimer