De
dérisoires incidents qui, naguère, eussent été expédiés en quelques lignes par
la presse locale, sont devenus la matrice de l'un de ces tapages
politico-médiattiques (ouragan de force 9)
marque d'une société profondément inculte qui élimine toute raison au profit de
l'émotion hystérique.
Un rapide
coup d'œil sur les journaux prouve que, de toute évidence, les auteurs de ces
incidents sont pour partie cinglés et pour le reste de leur pauvre cervelle
atteints de crétinisme, c'est ce que montrent la nature de leurs actes, leur
personnalité, et leur bribe de propos.
De tous
temps et en tous lieux, de tels individus surgissent ça et là, parfois tuant
des promeneurs, parfois s'engloutissant dans leur propre ridicule, et l'effet
de leur action est, au hasard, tragique ou burlesque.
Ils sont
aussi, aujourd'hui, le prétexte à un flot de discours qui, s'il ne surprend
plus, nous fait un peu plus désespérer de l'avenir
de l'intelligence.
Est-il utile
de relever les glapissements de ces chroniqueurs qui voient se déchaîner une guerre civile menée par des hordes de
mahométans brandissant leurs cimeterres face... face à qui? Nous pouvons le
regretter, mais nul émule de Charles Martel ne s'est encore levé, et s'il y a
guerre, il n'y a en cette veille de Noël de combattants qu'en un seul camp.
Quant aux
gens des partis de gouvernement, le
socialiste-de-droite et le socialiste-de-gauche, ils ont sauté sur l'occasion
afin d'apporter de l'eau au moulin de la Bête immonde, que chacun souhaite voir
enfler dans l'espoir qu'elle éliminera leur adversaire
naturel lors de la prochaine grande
Election.
Pour tous, ce
fut, comme d'habitude, un bon moyen de se
montrer à la télé pour prononcer d'un air pénétré ces phrases menaçantes
qui révèlent le chef concerné et compétent, tandis que M. Etat se réjouissait à
la perspective de pouvoir renforcer et multiplier les lois scélérates
destructrices de nos dernières et minuscules libertés – la guerre contre le terrorisme achevant opportunément ce que la guerre contre la drogue avait commencé.
Ces mêmes
jours (je fais ici une sorte de ménage de fin d'année) s'éleva une autre grande
rumeur : un M. Zemmour a été l'innocente victime d'une abominable censure.
La censure
(je crains qu'il soit besoin de le rappeler), c'est quand M. Etat utilise cette
violence légitime dont il a le monopole (selon l'expression de Max Weber) pour
interdire, lacérer, brûler une œuvre de l'esprit – le Mbala Mbala fut une
authentique victime de la censure.
Je n'ai
jamais lu une ligne de M. Zemmour, ni ne l'ai jamais vu ni entendu (je n'ai ni
poste de radio ni téléviseur), mais j'ai cru comprendre qu'à l'occasion de son dernier
livre (de la mouvance socialiste-nationale, paraît-il) il s'était
montré dans d'innombrables émissions de radio et de télévision, que la presse
écrite s'était enflammée à son sujet, et que ledit livre s'était déjà vendu à
près de cinq cent mille exemplaires , ce qui, aujourd'hui, est un record.
Mais...M.
Zemmour a été licencié par son employeur. Ce faisant, ce dernier (un gros capitaliste de connivence, ce qui est
une autre histoire) n'a fait qu'exercer son droit, un droit qui mérite tout
autant d'être défendu que la liberté d'expression et qui reléve également de ce
droit de propriété auquel je suis viscéralement attaché). Il se peut que cet
employeur soit méprisable, répugnant et sente mauvais, mais il n'a commis aucun acte de censure.
En
revanche, il a, volens nolens,
fortement agi pour accroître la notoriété de M. Zemmour, et les ventes de son
livre censuré (se trouve dans toutes les librairies).
Ah Ben on est d'accord. Je fonce me confesser.
RépondreSupprimerFaites-vous vos Pâques à Noël?
SupprimerSur le limogeage de Zemmour, permettez moi de dire que visiblement, il vous manque quelques éléments.
RépondreSupprimer3 ou 4 jours avant son éviction, le chef des socialistes à l"Assemblée, Bruno Le Roux, a explicitement demandé à ce que les médias , télés et journaux, "cessent d'abriter " (sic) Zemmour. Propos repris par le non moins socialiste ministre de l Intérieur Cazeneuve. Depuis quand 2 personnalités appartenant au pouvoir en place peuvent s autoriser de "conseiller " aux médias ce qu ils ont à faire. Ceci n étant pas sans rappeler la menace de suspension de subventions qu'avait publiquement adressé Ayrault au Figaro si ce dernier ne la mettait en sourdine.
Bref, Itélé, groupe Canal+ dont les symùpathies gauchistes sont de notoriété publique, est peut être maître chez lui , il n en demeure pas moins que dans les faits, ils apparaissent comme ayant "obéi" au pouvoir.
Plus étrange c'est l ITW datée de moins d un an de la directrice de la communication d'Itélé, Madame Pigalle ( ça ne s'invente pas ) qui se félicitait, pour l'audience de sa chaîne, de la présence de Zemmour.
Enfin, Zemmour a été viré pour des propos qu'il n a pas tenu mais qui sont le fruit de l'interprétation d'un journaliste italien qui l a interviewé fin octobre. Montéfiori a reconnu lui même très clairement que Zemmour n avait jamais tenu les propos ( déportation des musulmans de France) qui lui valent aujourd'hui d être viré.
Vous lisant très régulièrement, mon cher Corto, je suis certain d'être exactement informé, je maintiens que M. Zemmour n'est, à ce jour, nullement censuré et que son employeur a un droit absolu de le licencier (que ce soit pour de bonnes ou mauvaises raisons ne regarde que ledit employeur et, éventuellement, le tibunal des Prudhommes)..
SupprimerQuant aux liens entre le pouvoir et les gens de medias, voilà qui est bien naturel.
Absolument pas --je crois à la hiérarchie des valeurs, et des faits.
RépondreSupprimerJe me précipite sur l'Avenir de l'intelligence pour me rafraîchir les idées :)
RépondreSupprimerJe ne partage pas votre raisonnement.
RépondreSupprimerIl me semble en effet que vous contestez la pertinence de l'application du terme car vous partez du principe que la censure est par essence étatique et que dès lors elle ne peut s'appliquer à la situation de M. Zemmour, licencié par une entreprise qui, comme toutes les autres, peut décider de conserver ou non ses collaborateurs, sous réserve du jugement des Prudhommes.
Même en admettant que votre définition du terme censure soit toujours adaptée à l'époque moderne, même Littré a pu vieillir, il faudrait, pour que vous ayez raison, que soient réunies deux choses :
que le gouvernement soit étranger à l'affaire, que Itélé soit indépendante du gouvernement.
Sur le premier point c'est bien le gouvernement (Valls, Cazeneuve, etc. )qui a joué l' arbitre des élégances en précisant ce qu'il était bon de dire et en désignant qui pensait mal, et c'est bien de cette définition dont la chaîne s'est emparée pour licencier son collaborateur car sa ligne éditoriale (je demande pardon aux vrais journalistes!) venait de changer et elle ne pouvait vivre plus longtemps dans le péché. Le vrai pouvoir ce n'est pas de donner des ordres, c'est de ne pas avoir à en donner, et c'est comme cela que la véritable soumission transparaît.
Sur l'indépendance d'Itélé je serais moins disert mais, au-delà des relations intimes (que vous semblez juger normales) entre le gouvernement et les journalistes, je me souviens d'une décision récente qui n'allait pas à l'encontre des intérêts de cette chaîne.
Alors, bien sur, si l'on demeure dans le juridisme il n'y pas censure et le gouvernement n'est coupable de rien, de même qu'Itélé s'est uniquement séparée d'un collaborateur qui n'était plus dans la ligne du parti. La Pravda non plus n'allait pas à la Maison blanche, c'est la Maison blanche qui était dans la Pravda.
Enfin qu'il soit possible d'avoir aujourd'hui, en France, une discussion sur ce sujet, à propos de la France, me semble bien angoissant.
C. Monge
Lorsque j'ai réédité "L'enfer du sexe et la censure", qui contient une indispensable introduction de Jean-Jacques Pauvert, celui-ci a eu l'amabilité de me dédier cette nouvelle édition , mais lui et moi (surtout lui...) savions exactement ce que signifie "censure"...
SupprimeriTélé c'est Canal+. Dites-le c'est plus clair.
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RépondreSupprimerMonsieur Z est victime de censure tout en bénéficiant d'une hyper-exposition médiatique et l'Etat mène une politique de rigueur en votant un budget en déficit... Les mots perdent leur sens en devenant "tendance". Tous ces gens qui s'offusquent haut et fort crient leur pénurie de vocabulaire.
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