david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

jeudi 2 avril 2015

Ces "libéraux" qui approuvent le vol...

      

    La morale libérale repose, on le sait, sur l'affirmation radicale du droit de propriété –propriété de soi, du fruit de son travail, de ses biens légitimement acquis.
     Par l'une de ces contradictions qui font le charme de la nature humaine, une frange de l'aimable nébuleuse où s'agitent, et bloguent, de jeunes et convaincus libéraux, a décidé de partir en guerre contre l'un des plus élémentaires et légitimes droits de propriété, celui qui établit la "propriété littéraire et artistique".
    En témoigne aujourd'hui un billet publié chez Contrepoints dont l'auteur est l'excellent et (habituellement) très-talentueux h16, dont l'essentiel de l'argumentation consiste à traiter de vieux croûtons les êtres humains qui refusent d'être dépouillés du produit de leurs efforts au nom d'une prétendue "révolution numérique", dont les effets les plus visibles sont, à ce jour, un surcroît d'abêtissement et d'asservissement de l'espèce humaine.
    Pourtant, sous des airs de graffitti de vespasienne, l'insulte proférée par h16 (qui ne refusa pas de signer des contrats fondés sur sa propre propriété littéraire pour deux ouvrages que je lui proposais de publier, et dont je continuerai à recommander chaudement la lecture) touche au coeur du débat, qui est une question de génération, plus que de morale ou de logique (disciplines passéistes).
   Ces jeunes libéraux ont pris, dès le jardin d'enfant, l'habitude de voler des images et de la musique grâce au dieu Internet, lorsqu'ils ont (un peu) grandi, plutôt que renoncer à un bien commode brigandage, ils ont hâtivement élaboré une pseudo-justification de leurs méfaits, semblables au voleur de voiture qui ne fait qu'emprunter...
   Je ne doute pas qu'ils  n'applaudissent à la mise en œuvre par la nuisible institution étatique nommée "BNF" du programme re-lire, par lequel les fonctionnaires de ladite BNF s'arrogent le droit de déclarer, sur des critères mystérieux,  indisponibles un certain nombre d'ouvrages dont les auteurs sont vivants (et qui donc ne sont pas tombés dans le domaine public) puis de les transformer –sans l'accord des auteurs—en  fichiers informatiques accessibles à tous, et qu'ainsi tout un chacun peut copier, plagier, mutiler etc.
   C'est là une violation manifeste des lois garantissant aux auteurs la propriété patrimoniale et morale de leurs œuvres, mais  M. Etat n'a certainement pas manqué de produire une loi pour contredire ses lois (toujours en vigueur...).
   Précision : les gens de la BNF disent que les œuvres dont ils se sont frauduleusement emparé "entrent en gestion collective", expression qui révèle le caractére proprement communiste de l'opération.
     Aussi ne serais-je  pas surpris de lire bientôt, en ligne of course,  une apologie libérale de cette nouvelle spoliation.
     
P.S.--Sur le livre et l'horreur numérique, on lira avec profit Le crépuscule des bibliothèques de Virgile Stark (vient de paraître aux Belles Lettres).
    

20 commentaires:

  1. Pour pouvoir accéder au "rez-de-jardin" de la Bibliothèque nationale, c'est-à-dire pour avoir la chance de consulter les livres qu'elle préserve (pour qui ?) et non les magazines télé déposés au "haut-de-jardin", il faut donner une bonne raison au bibliothécaire. Les bonnes raisons sont peu nombreuses - la curiosité intellectuelle n'y figure évidemment pas - et l'une d'entre elles est justement un contrat d'édition (à compte d'éditeur) en cours de validité.

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  2. Monsieur État, lorsqu'il s'agit de lui, est pourtant beaucoup plus possessif !
    Ainsi sur le site de la présidence de la яépublique on trouve cet avertissement :
    "Tous les autres contenus présents sur le site sont couverts par le droit d'auteur. Toute reprise est dès lors conditionnée à l'accord de l'auteur en vertu de l'article L.122-4 du Code de la Propriété Intellectuelle."
    Il est vrai que les discours du président sont libres de droits mais qui les achèterait ?
    C. MONGE

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  3. La propriété de son corps, une vieille et imbécile scie des libéraux, plutôt des libertariens d'ailleurs. La notion de propriété ne peut apparaître que dès lors que nous entrons en relation avec autrui. Ensuite, jusqu'à preuve du contraire, il est techniquement impossible de séparer notre âme de notre corps, nous sommes notre corps. Enfin, il apparaît clairement que la notion de propriété de soi n'est qu'une confusion entre objet de droit et sujet de droit, et comme nous sommes notre corps nous sommes de fait sujet de droit. Donc...

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    1. Mais comme l'âme n'existe pas...

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    2. On peut lui donner le nom que l'on veut, cela ne change rien au problème. Votre personnalité, si ce terme vous agrée, n'est pas dissociable de votre corps.

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  4. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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    1. A l'époque, le droit d'auteur n'existait pas. Les moines n'ont rien fait d'illégal. La propriété intellectuelle est une notion très récente, elle date du XVIIIe siècle. Il semble que la révolution numérique remette en cause ce droit péniblement acquis. Sur internet, la gratuité prévaut.

      A ce sujet, voilà un auteur qui ne s'estime pas lésé par la contrefaçon de ses oeuvres :

      https://www.actualitte.com/international/paulo-coelho-felicite-un-ado-qui-vend-des-livres-pirates-a-delhi-55782.htm

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    2. Ai supprimé un commentaire anonyme et hors sujet.

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  5. Bonjour

    Au lieu de faire votre article dans votre coin façon caniche qui aboie après le facteur derrière le portail, venez en discuter. Vous avez certainement de bons arguments à faire valoir. A bientôt sur CP ou chez h16.

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    1. J'ai déjà publié des textes en ce sens chez Contrepoints, à qui il arrive de republier certains de mes billets!

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    2. Certes je viens de lire votre billet "Ignorance, surdité et droit d'auteur" sur CP.

      3 ou 4 interventions de vos lecteurs sont assez intéressantes mais malheureusement vous les renvoyer un peu rapidement vers Spooner sans entendre leurs arguments.

      Dans ce billet ici vous commencez par : "La morale libérale repose, on le sait, sur l'affirmation radicale du droit de propriété –propriété de soi, du fruit de son travail, de ses biens légitimement acquis." et on perçoit de suite la manipulation : le fruit du travail n'est pas lié au droit de propriété sinon l'ouvrier de Peugeot serait co-propriétaire des voitures qu'il produit, mais cela sonne comme introduction au droit d'auteur. La ficelle est juste un peu grosse.

      Je vous laisse, je vais préparer un sauté de veau dans ma cocotte SEB mais je vais auparavant verser au fabricant de cette cocotte 1 euro par convive au titre de son droit d'auteur, chose que je fais à chaque représentation de son oeuvre devant mes invités.

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    3. De manière assez amusante bon nombre de libéraux ne semblent pas émus par l'existence du brevetage industriel qui est une autre forme de droit de propriété intellectuelle au même titre que le droit de propriété littéraire et artistique. Ainsi donc Monsanto, par exemple, peut breveter des semences sans que cela ne les pousse à hurler au scandale. Que cette entreprise, parmi d'autres qui poursuivent le même but, finance des groupes de pression pour que le monde paysan finisse par se retrouvé obligé de n'acheter que des semences brevetées ne semble pas non plus choquer la majorité des libéraux. Il y aurait donc un bon et un mauvais droit de propriété intellectuelle. Pas très logique, ou plutôt cohérent comme on aime dire sur les forums libéraux qui adorent la cohérence, en dépit des horreurs qu'elle a déjà pu produire par le passé.

      Quant à l'ouvrier, il n'a rien produit sur le plan intellectuel, il ne peut donc pas réclamer je ne sais quelle rétribution à ce titre. Il est payé pour exécuter une tâche particulière dans le long processus de fabrication d'un objet donné. A moins bien sûr de considérer que le travail de création est équivalent à celui de la fabrication d'un objet inventé. Quant à votre cocotte, vous l'avez achetée, au même titre qu'un livre, et je ne crois pas qu'à chaque fois que vous relisez un ouvrage vous soyez obligé de verser quelque rémunration supplémentaire à l'auteur. Raccourci spécieux.

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    4. Vous connaissez bien mal les libéraux. Ils dénoncent régulièrement tous ces monopoles injustifiés et injustifiables.

      http://www.contrepoints.org/?s=brevet

      @l'auteur : puisque vous préférez censurer que donner des arguments, sur quelle base posez-vous qu'il y a vol ? J'achète un CD. Il m'appartient, Et surtout, je n'ai signé aucun contrat avec son auteur quant à d'éventuelles restrictions. J'en fais donc ce que je veux. Si je le revends, il y aura eu deux acheteurs et pourtant l'auteur sera rémunéré uniquement pour le premier achat. Curiseusement, personne ne gueule.

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    5. Koltchak les droits intellectuels y inclus les brevets sont peut être le domaine qui divise le plus la famille libérale mais ça ne crée pas pour autant une scission. Beaucoup pourraient se satisfaire d'un minimum.

      Pour ce qui est de Monsanto, il s'agit d'un contrat : en utilisant telles semences issus du génie génétique vous vous engagez à ceci et cela. Personne ne vous force à signer, vous pouvez toujours utiliser les anciennes méthodes.

      Pour ce qui est du travail, je pense que vous m'avez néanmoins compris : la propriété n'est pas le fruit d'un travail.

      Les droits intellectuels ne sont pas des propriétés, ce sont des privilèges.

      la plupart des libéraux pointent surtout le fait que ce ne sont pas les auteurs qui profitent le plus de ces droits mais tous les lobbies gravitant autour et qui font pression sur l'état (celui qui accorde les privilèges) pour étendre ces droits plus que de raison, si raison il pourrait y avoir.

      Ceux qui défendent la situation actuelle nous renvoie au "pas de droits, alors pas d'auteurs, pas de musique, pas de culture" mais vous conviendrez que si un groupe ou un écrivain me plaît, je serais complètement idiot de ne pas rémunérer son travail afin qu'il continue à m'abreuver de son art...

      Concernant ma cocotte SEB, comparez là à un CD joué lors d'un mariage (privé) et ça vous sautera nettement aux yeux quand vous verrez un représentant de la SACEM venir vous réclamer son dû.

      Et enfin, comme bien souvent, ceux qui se réclament du respect de leur droit sont prêts par contre à taper allègrement dans celui des autres, que diriez vous d'une entreprise pharmaceutique qui découvrirait un traitement contre le cancer fiable à 100% et qui le vendrait $5M (M pour millions hein)... ?

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    6. Théo2Toulouse : J'ai fréquenté Lib.org durant quelques années, suffisamment pour me rendre compte qu'il n'y a pas unanimité sur la question.

      Gameover : Et quand Monsanto dépense des millions pour alimenter des lobbies dans le but d'interdire l'usage de semences non brevetées, je n'entends guère les libéraux sur ce point.

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    7. Koltchak, oui c'est vrai que les libéraux ne font rien contre ceux qui dépensent leur argent comme ils l'entendent, c'est même leur raison d'être !

      Sinon il y a aussi l'invasion des sauriens... vous devriez faire quelque chose contre ça...

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    8. Et moi qui croyait naïvement que les libéraux étaient contre les monopoles. En fait, ils se battent juste contre ceux de M. Etat, le reste leur importe peu. Le privé est très certainement plein de gens vertueux qui n'ont à l'esprit que le bien de l'humanité entière et se fichent de leur portefeuille, des actionnaires, etc.

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    9. Koltchak vous confondez meilleur vendeur et monopole.
      Il n'y a que des monopoles d'état au travers des privilèges et réglementations.

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  6. Hé ho ! Faites pas chier ! (Smiley hein). Nous, à gauche, on a des types qui luttent contrent le libéralisme pour défendre les les libertés.

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    1. Cent millions de morts pour défendre les libertés : donnons une deuxième chance aux socialistes.

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