david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

mardi 17 février 2015

Internet et tournevis

   

  Beaucoup de libéraux, particulièrement ceux qu'un miracle empêchera de jamais atteindre l'âge adulte quoique puisse affirmer leur état-civil, se plaisent à se prosterner devant le dieu Internet, tout en prenant un ton autoritaire pour fortement inciter autrui à manifester la même vénération.
  Dans un mouvement propre à tous fidéles d'une nouvelle foi (ou néophytes) ils expriment des revendications fondées sur un credo dans lequel la raison a peu de part.
   De ces revendications, l'une des plus curieuses, que j'ai encore rencontrée ce matin, est que Internet est, doît être, doît demeurer (etc.) libre et démocratique.
   Internet est un outil , et qu'il soit un outil de communication ne change rien à sa nature d'outil, comme l'est un marteau, dont (jusqu'à ce jour) personne n'a jamais songé à proclamer qu'il fût (et dût être) libre.
    Considérons un tournevis. Si M. Dupont utilise cet objet pour en enfoncer la lame dans l'œil de son voisin, et qu'on lui fasse remarquer que c'est là un usage interdit, faut-il en conclure qure le tournevis n'est pas libre?
   Ou que l'auteur de cette étrange proposition a confondu la chose et son usage?
   Dans le cas d'internet, l'usage de cet outil tombe, comme pour tout outil, sous le droit commun de la loi et là où la loi, comme en France, a aboli, par exemple, la liberté d'expression ou la liberté du commerce de certaines substances, quiconque utilisera internet pour tenir des propos interdits ou vendre des produits prohibés, courra un risque élevé d'être envoyé aux galères, d'autant que les nouvelles technologies permettent de débusquer avec la plus grande facilité tout contrevenant (il était moins aisé de trouver les écrivains du samizdat dont les textes étaient polycopiés).
   Aussi, réclamer un "internet libre" est-il se tromper de combat, car il serait improbable que M. Etat permît de faire via internet ce qu'il continuerait d'interdire avec un papier et un stylo.
   Quant à un internet démocratique, je me suis (brièvement) interrogé sur le sens (très éventuel) de cette formule; voudrait-elle dire que l'outil internet doit muter en un gouvernement élu au suffrage universel? Ou que quiconque s'en servirait pour émettre quelque critique sur cette démocratie, dont l'expérience prouve qu'elle ne peut conduire qu'au plus féroce collectivisme, doit être privé de la liberté d'utiliser cet outil?
    En dehors de ces considérations théoriques, je constate que, à cause d' internet, j'ai perdu une demie-heure à écrire de petites bêtises plutôt que poursuivre la lecture de l' Histoire du Concile de Trente de fra Paolo Sarpi dans la traduction de Le Courayer (1751, 3 vol. in-4°).
   M'en voici fort marri.

8 commentaires:

  1. Une demi-heure mais une heure et demie.

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    1. L'ajout de ce "e" était nécessaire pour que je demeurasse durant exactement trente minutes devant mon ordinateur pour écrire ces futilités.

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  2. l' Histoire du Concile de Trente de frère Paolo Sarpi dans la traduction de Le Courayer, voilà un bel outil, qui ne tombe jamais en panne !

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  3. Internet est plus qu'un outil, c'est un dispositif technique (pour le dire comme Agamben). Un outil ne transforme pas l'homme, l'homme est maître de l'outil. Tandis qu'un dispositif modèle son utilisateur, ce dernier en est dépendant.

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  4. Effectivement, le minitel suffisait amplement à mes modestes besoins.

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  5. il y a autre chose à faire que de légiférer à propos d'internet (d'autant plus que certains textes existent)

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