Je viens
d'acquérir l' Histoire de la Maison de Bourbon ( 1772-1788, 5 vol. in-quarto,
avec de superbes gravures) de Joseph-Louis Ripault Desormeaux (1724-1793),
historiographe de la Maison de Bourbon, Bibliothécaire de S. A. S. Monseigneur
le Prince de Condé Prince du Sang , de l'Académie Royale des Inscriptions &
Belles-Lettres (également auteur de l’ Histoire
de Louis de Bourbon second du Nom, prince de Condé, premier Prince du Sang ,
surnommé le Grand , et d'une Histoire de la Maison de Montmorency).
Le récit
s'arrête à la date de 1589; deux autres volumes étaient prévus, la catastrophe
de 1789 interrompit la publication, mais il existe assez d'excellentes
histoires anciennes des Rois Bourbons ( Hardouin de Perefixe pour Henri IV, le
pére Griffet pour Louis XIII, Voltaire pour Louis XIV...) pour nous consoler
(de l'absence de la suite, non de la Révolution), d'autant que c'est pour la
période antérieure, jusqu'alors trop mal étudiée, que l'ouvrage de Desormeaux est
irremplaçable.
Dans sa Préface, Desormeaux nous dit ce qu'était
la grandeur de la France –extraits.
"Presque toutes les Nations de l'Univers, celles même qui ont
toujours paru les plus jalouses de la gloire du nom François , se sont
empressées à rendre des hommages éclatants à la gloire & à la majesté de
nos Monarques." Le roi de France,
s'écrie Matthieu, célèbre historien Anglois,
c'est le plus digne et le plus noble de tous les Rois; il est regardé comme le
Roi des Rois, tant à cause de son onction céleste , que par rapport à sa
puissance guerrière."
Autrefois, lorsqu'on citait en Europe le nom de Roi, sans ajouter de
quelle nation, on entendait toujours le Roi de France ; c'était le grand Roi,
le Roi par excellence."
"A la
gloire d'avoir agrandi d'un tiers la Monarchie, les Bourbons en ont ajouté une
autre plus solide, celle de l'avoir embellie, policée & éclairée. Si l'on y
voit aujourd'hui une capitale, de grandes villes, des arsenaux, des ports, des forteresses, des canaux, de grands chemins, des ponts, des temples, des palais et des monuments de toute espèce, dignes de la grandeur &
de la magnificence des Romains; si les plaisirs dont nous jouissons aujourd'hui
sont plus nobles, plus variés, plus touchants que ceux même de nos anciens
Monarques, si de tous les pays du monde, la France est celui où les Sages
désirent le plus de vivre à cause des charmes inexprimables de la société; à
qui devons-nous ce bonheur si rare, & dont peut-être ne sentons-nous pas
assez le prix, si ce n'est aux rois Bourbons , protecteurs des arts qui
diminuent le poids & adoucissent l'amertume de la vie!"
Je n'aurai
pas le mauvais esprit de remarquer qu'au temps de la construction de la grandeur de la France, le si enrichissant apport de l'immigration se
limita (à peu près) aux personnes du Cardinal de Mazarin et de Christian
Huyghens, préférant citer ces mots, que rapporte Désormeaux, du grand Condé mourant à son fils et à son
neveu :
--Songez
que vous ne serez jamais de grands hommes qu'autant que vous serez fidèles à
Dieu et au Roi.
P.S.—Encore
un petit rappel, sur les Francs de Charles Martel qui " délivrèrent
l'Europe de l'alcoran & de la servitude dont elle était menacée par un
Peuple qui, en moins d'un siècle, avait fait plus de conquêtes que Rome dans le
cours de plusieurs."
Et Jean Bodel écrivait déjà, au XIIème siècle :
RépondreSupprimer"La corone de France doit estre mise avant,
Qar tuit autre roi doivent estre a lui apandant
De la loi crestiene qi an Deu sont creant."
À tout ceci, on ajoutera le fait que les rois de France étaient accessibles à tous. Le bolonais Locatelli en fait mention dans la relation de son voyage en France en 1665 : "je m’y promenai (il s' agit du Louvre) en toute liberté, et, traversant les divers corps de garde, je parvins enfin à cette porte qui est ouverte dès qu’on y touche, et le plus souvent par le roi lui-même. Il vous suffit d’y gratter et l’on vous introduit aussitôt. Ce roi veut que tous ses sujets entrent librement."
RépondreSupprimerLe roi était également humble comme en atteste cet extrait du chapitre intitulé "Vanité des nations, tiré du premier volume des Historiettes de Tallemant des Reaux : "Un Espagnol, voyant le feu roi Louis XIII ôter son chapeau à plusieurs personnes qui étoient dans la cour du Louvre, dit à l'archevêque de Rouen, avec qui il étoit: «Hé quoi! votre roi ôte son chapeau à ses sujets?—Oui, dit l'archevêque, il est fort civil.—Oh! le Roi mon maître tient bien mieux son rang; il n'ôte son chapeau qu'au Saint-Sacrement; y de muy mala gana."
Déprimante lecture...
RépondreSupprimerPeste soit de la ripouxblique antifrançoise