Je lis sous
la plume d'un homme intelligent, qui a durant de longues années dirigé avec une
rare compétence une "entreprise du CAC40", qu'il serait bon de "réduire
les dépenses de M. Etat de 12% (certes), et que cela pourrait se faire dans les
dix ou quinze prochaines années".
Ce dernier
point est une impossibilité absolue.
M. Etat
dépense, avec la largesse de qui n'a pas à se soucier de ses recettes, soit
pour distribuer des salaires, pensions et gracieusetés diverses, soit pour
acheter des biens ou produits que personne n'irait acquérir volontairement au
prix ou sous la forme auxquels ils sont vendus.
Ces
dépenses de M. Etat provoquent chez leurs bénéficiaires une satisfaction (plus ou moins grande), et même assurent à certains d'entre eux l'essentiel de leur
subsistance.
Voyons
maintenant quel serait l'effet de l'arrêt de ces dépenses.
Dépensant
moins, M. Etat prélèverait moins,
l'ensemble des citoyens verraient s'accroître leur revenu disponible, qu'ils
pourraient affecter par un libre choix à telle acquisition ou tel
investissement, et cette liberté profiterait à tous.
C'est là
une vérité économique, et morale.
Mais qu'en
est-il politiquement ?
Alors que
les effets fastes de la parcimonie nouvelle de M. Etat se ferient sentir sur la
durée (disons: d'ici quelques années), les effets néfastes,
pour les ex-bénéficiaires, seraient, eux, immédiats.
Se voyant
du jour au lendemain privés des bienfaits (en euros) qui les faisaient vivre,
pour les uns, ou les gratifiaient d'un plaisant superflu pour d'autres, les victimes des économies manifesteraient,
tout de suite, un vif mécontentement, de l'espèce qui promet au M. Président en
place une prochaine déroute électorale.
En face, les
bénéficiaires d'un bien futur ne se feraient guère entendre, d'autant qu'il est
dans la nature de l'homme de crier plus fort son déplaisir que son
contentement.
Cette
difficulté avait été fort bien perçue par Turgot lorsqu'il entreprit, au début
du règne du malheureux Louis XVI, des réformes
libérales; malheureusement trop certain d'avoir raison en théorie (ce qui
était le cas), il ne sut trouver une solution politique, et échoua.
Turgot ne
devait pourtant convaincre que le Roi et une poignée de ministres pour obtenir
durablement leur soutien, un M. Président devrait gagner –pour dix ou quinze
ans! – l'adhésion de millions de citoyens élevés dans le mythe de l'heureuse
redistribution (et justice sociale et
autres turlupinades), ne rêvons pas.
Ce ne sont
pas de prudentes et impossibles réformes
qu'il faut demander , mais une révolution
totale, radicale, et immédiate --dit
le réactionnaire.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerVous avez, hélas, raison !
RépondreSupprimerQu'aviez-vous écrit à 22:59 ?
SupprimerUne virulente critique de ce billet que, après deux minutes de (sage) reflexion vous avez remplacée par cette aimable approbation?
Juste une faute de frappe !
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