david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

dimanche 26 juillet 2015

Coucheries vénitiennes et discriminations prohibées

       

     Ouvrant le bien utile Dictionnaire comique, satyrique, critique, burlesque, libre et proverbial du sieur P. J. Leroux ( A Pampelune, 1786, 2 vol. in-8) pour chercher l'origine de l'expression boire à tire larigot, car tel fut mon premier souci matutinal, je tombe sur :
   "boire dans le même pot. Manière de parler figurée, pour dire , coucher à plusieurs avec la même femme. C'est la coutume du pays de boire sans dégoût dans le même pot en parlant des Vénitiens."
     Un tel exemple (sans lequel "un dictionnaire n'est qu'un squelette", dixit Pierre Larousse) ne serait plus de mise aujourd'hui, et même sévérement prohibé comme portant atteinte à l'honneur, à la considération et à la tranquillité conjugale des citoyens de la République lacustre, incitant au racisme,  à la discrimination et autres péchés capitaux férocement dénoncés au guet par des délateurs stipendiés.
     Durant des siècles pourtant, et même durant toute l'histoire de l'humanité jusqu'à de récentes lois, il était d'usage de prêter à des peuples étrangers des vices ou, plus rarement, des vertus, ainsi prononçait-on que les xxx sont indolents,les yyy grippe-sous, les zzz balourds et autres appréciations qui séparaient les autres de soi, en accordant à ce dernier un léger avantage.
     Je ne nierai pas qu'il s'agissait là d'une généralisation , mais je crois  que personne n'en était dupe et imaginât que tous les Vénitiens partageassent une unique maîtresse, ou  fût persuadé qu'il n'existât aucun yyy de tempérament généreux, ou de xxx ardent au labeur.
     Ces généralisations donc, avaient pour fonction d'établir (avec plus ou moins de bonheur et d'exactitude) l'identité des autres groupes humains et, en creux, la sienne propre, qui ne pouvait être qu'exempte de tel ou tel défaut (ou bizarrerie).
     Il est remarquable que ce soit les apôtres de la culture des différences qui en aient interdit l'expression.
    Et à tire larigot? Leroux propose, parmi d'autres hypothéses incertaines, une affaire macabre impliquant Alaric roi des Goths, mais comme je suis certain que son indispensable Dictionnaire trône en bonne place dans les bibliothéques de mes lecteurs, et surtout lectrices, je ne prendrai pas la peine fastidieuse de recopier ce texte.

lundi 29 juin 2015

Fait-divers, terrorisme, et un mahométan

   

     J'ai toujours éprouvé pour les faits-divers le plus vif intérêt, aussi étais-je fort heureux de collaborer, il y a quelques décennies, à un hebdomadaire spécialisé en ce matériau, apprenant des reporters envoyés sur le terrain la réalité d'affaires souvent sanguinolentes, ce qui était ensuite écrit et publié, that's another story.
    Le fait-divers n'est autre que la révélation d'une action humaine qui sort de l'ordinaire –ordinaire des conduites ou des normes sociales --, et donc nous instruit sur la capacité de l'être humain à bafouer ces règles, sur les motivations qui l'y conduisent et, parfois, sur la rare ingéniosité qu'il y emploie.
    Au-delà de l'auteur de l'acte, généralement criminel, le fait-divers est un puissant indicateur des mœurs et coutumes, et état d'esprit (ce que l'on nomme aujourd'hui mentalités) des individus qui vont y être mêlés pour enquêter, punir et raconter , et ce traitement apporté à une action humaine singulière est le plus exact miroir d'une société.
    La caractéristique première de ce traitement est qu'il tend à grossir l'affaire; comme le pêcheur qui aumente la taille de la carpe prise, policiers et magistrats se valorisent, tant à leurs propres yeux qu'à ceux de leurs employeurs et du public, en déguisant le banal en exceptionnel, rien de plus humain, et dont il faut se résigner à s'accomoder. Quant aux journalistes, que le sensationnel fasse vendre est le b a ba de leur métier; ils savent que ce sont les mots (particulièrement les adjectifs) qui créent  le sensationnel, non le fait en soi, de ces mots, ils ont une ample réserve, c'est même leur capital.
    A ces catégories professionnelles, dont nous constatons l'activité déformante (mensongère?) dans les histoires (dès l'invention de l'écriture) et les gazettes (dès M. Renaudot) se sont ajoutés, depuis peu.., les politiciens, pour qui certains faits-divers qu'ils rendent spectaculaires par des artifices rhétoriques bien connus est une occasion miraculeuse d'augmenter ou affermir (rattraper?) leur pouvoir.
     Les politiciens ont , sur les autres conteurs de faits-divers, l'avantage de pouvoir édicter des lois au service de leurs intérêts, ainsi de cette loi donnant à un certain crime une définition si large et si imprécise que l'on peut y faire tomber bien des actes qui, selon le semble bon sens, et un honnête dictionnaire, n'en relèvent pas (il s'agit du terrorisme).
    Si, selon la définition du grand Leopold von Ranke, l'Histoire consiste à écrire ce qui s'est réellement passé, on aura compris qu'il n'en va pas de même pour le récit journalistique ou le touitt de politicien (ni pour le blogueur militant , qu'il soit "de gauche" ou "de droite"), et le souci de l'information s'efface comme le sourire du chat de Cheshire, de celui-ci, il demeure une délicieuse image, de celui-là, rien.
   C'était mon commentaire sur l'affaire d'un mahométan imbécile qui a tué son employeur, pour avoir eu l'audace de lui reprocher de mal travailler.

   P.S.- J'ai commencé de regarder la série The newsroom, écrite par M. Aaron Sorkin,  qui est d'une grande qualité intellectuelle, et  dont le sujet est la possibilité d'une information objective; voilà qui mériterait une analyse argumentée, que, par paresse, je ne ferai pas.

mardi 16 juin 2015

Islamisme et christianisme : qui arrive et qui s'en va

      

    Une journée durant, les plus hautes autorités de la République, zélateurs hautains de cette laïcité inventée pour détruire Dieu, prêtres et fidèles, ont rendu allégeance à une religion, promettant mille faveurs et bienfaits aux sectateurs de Mahomet, leur annonçant la création de brigades de patrouilleurs du net chargés de débusquer, et sans doute de châtier, tout auteur de propos hostiles, ou réticents, à la prédication du Prophète. Le Premier commis, brutal énergumène qui semble échappé des Sous-offs de Lucien Descaves, les a assurés que "l'Islam est destiné à rester en France", et nous pouvons être certains que subventions, privilèges et passe-droits y contribueront, par toute la puissance de la Loi, cette Loi qui distingue si bien entre élus et damnés.
     Ce matin, je trouve dans ma boîte aux lettres le Courrier de Saint-A***, ,journal trimestriel d'information de la paroisse de Saint-A.
      Ce journal a vingt pages, et l'on y rencontre quatre ou cinq fois, entre les paroles d'une chanson d'un sodomite notoire et un dossier sur la joie (non le roman de Bernanos, mais la "joie de rencontrer... de découvrir...!) le nom de Dieu, ce qui, pour notre temps, est, dans une publication catholique,  presque incongru.
     Pour le reste, il n'y ni bien ni mal à en dire, des fidèles témoignent, se disent croyants, invoquent Jésus et évoquent la vie éternelle, aucun propos n'est exaltant, aucun propos n'est rebutant, tout coule, comme un robinet d'eau tiéde dont fuit le vieux joint.
     Une rubrique est destinée aux enfants, cette fois, son sujet est : pourquoi on n'a pas tous la même religion?
     Imen, 9 ans, répond, un peu à côté : "Ma meilleure amie est chrétienne, j'ai un ami juif, et moi, je suis musulmane! Si on était tous pareils, il n'y aurait pas de découverte.", et le rédacteur de la rubrique commente : "Quelle chance, la différence!", ajoutant que "penser qu'on a raison et que les autres ont tort, cela n'est pas très respectueux des autres croyants."
       Et la Vérité, la Vérité révélée ? Vieille lune, superstition rétrograde? Passons.
     Quant à la paroisse de Saint-A***, elle comprend aujourd'hui vingt-six communes, vingt-six communes qui possèdent chacune au moins une église, et qui étaient jadis, chacune à elle seule une paroisse.
     Une autre rubrique s'intitule livre de vie, elle recense les funérailles et baptêmes célébrés chrétiennement dans cette nouvelle paroisse de dix mille âmes durant le trimestre écoulé – j'ai compté vingt-huit funérailles, et huit baptêmes.
      Au lendemain de la journée républicaine de soumission, un hiérarque parisien et télévisuel de la secte sans hiérarchie a souhaité que fussent transformées en mosquées les églises abandonnées  -- nul besoin qu'Allah intervienne pour que soit exaucé ce vœu, le cours de la nature y pourvoira.

lundi 1 juin 2015

Sujets et citoyens

     

       Alors que nous vivons aujourd'hui sous le joug dispendieux des valeurs républicaines, et que je préfère me réfugier en des temps plus cléments, je trouve dans Mon séjour auprès de Voltaire (Paris, 1807) de Come Alexandre Collini, qui fut durant cinq ans secrétaire du grand homme, cette note à propos de Frédéric II :
      "N'étant encore que prince royal, il [Frédéric] comblait de présents magnifiques une célèbre actrice. Devenu roi, il devint moins libéral. Elle osa s'en plaindre à lui-même. Frédéric lui répondit :
      " --Autrefois je donnais mon argent; aujourd'hui je donne celui de mes sujets."
      Il semble que M. Etat démocratique n'ait point la même retenue avec la bourse des citoyens.

vendredi 22 mai 2015

Je suis Palmyre

       

   Les ruines de Palmyre n'ont jamais eu pour moi, si loin que je fouille dans ma mémoire, la moindre utilité, j'en ai quelques images dans divers ouvrages que j'ai parcourus, je les ai, ces ruines, trouvé pittoresques, et même assez réussies pour figurer dans un film post-apo tel Mad Max XIV, mais, sauf phénomène inédit qui entraînerait l'effacement de la représentation en même temps que celui de la chose représentée, je pourrai toujours en contempler à mon gré les images, quoiqu'il leur advienne, et leur plus funeste sort ne m'appauvrirait, ni ne m'enrichirait.
  D'autant que je me sentais plus d'humeur, ce matin, à déplorer la disparition des jardins suspendus de Babylone, dont nous n'avons pas le moindre croquis, quant au Colosse de Rhodes, je dois me  contenter de sa reconstitution (fantaisiste?) dans le film du même nom de Sergio Leone.
   Revenons pourtant à Palmyre, cette ville-oasis où demeurent 170.000 êtres humains qui paraissent assez mal logés, et qui n'ont pas eu l'idée, pourtant simplette, de réparer ces fameuses ruines pour en faire de décentes habitations.
   Au jour et à l'heure où j'écris, selon Al Jazeera, gazette mieux informée et plus objective que ses homologues français, les prestigieuses colonnades sont toujours intactes malgré l'invasion des cohortes de barbares mahométans, seules quelques statuettes auraient été vendues, ce qui nous assure de leur sécurité.
   Demain peut-être, ou même ce soir, ces ruines ne seront plus que des ruines de ruines , mais ce matin cette vision d'avenir  n'est qu'une peur, et a donc déclenché, comme toutes ces peurs dont se goinfrent mes contemporains, un flot d'émotions allant de l'indignation à la colère (qui feraient mieux de se manifester face à la vandalisation systématique du paysage français par l'érection de bâtiments de la plus abominable laideur).
   Mais un désastre paraît déjà certain : l'évènement est une catastrophe pour les tour-operators , ces commerçants qui transportent en charters un bétail humain ignare, arrogant et vaniteux, dont la présence détruit la beauté, et le sens, de tout site que magnifia l'art.
   Puis-je qualifier ce désastre de bonne nouvelle?
   Et si le pire arrive, pourquoi ne pas reconstruire ces ruines dans un lieu d'un plus clément climat, par exemple à Disneyland, dans un enclos appelé New Palmyre?
   Les tour-operators se réjouiraient d'y emmener leurs troupeaux,  les selfies devant les colonnades continueraient de fleurir sur les réseaux sociaux, et ainsi se consommerait enfin la fusion du patrimoine (de l'Humanité) et de la modernité.