david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

vendredi 22 mai 2015

Je suis Palmyre

       

   Les ruines de Palmyre n'ont jamais eu pour moi, si loin que je fouille dans ma mémoire, la moindre utilité, j'en ai quelques images dans divers ouvrages que j'ai parcourus, je les ai, ces ruines, trouvé pittoresques, et même assez réussies pour figurer dans un film post-apo tel Mad Max XIV, mais, sauf phénomène inédit qui entraînerait l'effacement de la représentation en même temps que celui de la chose représentée, je pourrai toujours en contempler à mon gré les images, quoiqu'il leur advienne, et leur plus funeste sort ne m'appauvrirait, ni ne m'enrichirait.
  D'autant que je me sentais plus d'humeur, ce matin, à déplorer la disparition des jardins suspendus de Babylone, dont nous n'avons pas le moindre croquis, quant au Colosse de Rhodes, je dois me  contenter de sa reconstitution (fantaisiste?) dans le film du même nom de Sergio Leone.
   Revenons pourtant à Palmyre, cette ville-oasis où demeurent 170.000 êtres humains qui paraissent assez mal logés, et qui n'ont pas eu l'idée, pourtant simplette, de réparer ces fameuses ruines pour en faire de décentes habitations.
   Au jour et à l'heure où j'écris, selon Al Jazeera, gazette mieux informée et plus objective que ses homologues français, les prestigieuses colonnades sont toujours intactes malgré l'invasion des cohortes de barbares mahométans, seules quelques statuettes auraient été vendues, ce qui nous assure de leur sécurité.
   Demain peut-être, ou même ce soir, ces ruines ne seront plus que des ruines de ruines , mais ce matin cette vision d'avenir  n'est qu'une peur, et a donc déclenché, comme toutes ces peurs dont se goinfrent mes contemporains, un flot d'émotions allant de l'indignation à la colère (qui feraient mieux de se manifester face à la vandalisation systématique du paysage français par l'érection de bâtiments de la plus abominable laideur).
   Mais un désastre paraît déjà certain : l'évènement est une catastrophe pour les tour-operators , ces commerçants qui transportent en charters un bétail humain ignare, arrogant et vaniteux, dont la présence détruit la beauté, et le sens, de tout site que magnifia l'art.
   Puis-je qualifier ce désastre de bonne nouvelle?
   Et si le pire arrive, pourquoi ne pas reconstruire ces ruines dans un lieu d'un plus clément climat, par exemple à Disneyland, dans un enclos appelé New Palmyre?
   Les tour-operators se réjouiraient d'y emmener leurs troupeaux,  les selfies devant les colonnades continueraient de fleurir sur les réseaux sociaux, et ainsi se consommerait enfin la fusion du patrimoine (de l'Humanité) et de la modernité.
  

2 commentaires:

  1. Article excellent.

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  2. A chaque fois que des Chrétiens sont en grand danger les journalopes nous trouvent
    quelques vestiges illustres pour nous faire pleurer et détourner le regard . Pas que des Chrétiens d ' ailleurs ...
    Ca m ' écoeure ...

    Jérôme

    Ps : si je suis ici c ' est grâce à Messire Goux , drouâtard nauséabond et amateur
    de Riesling : il n ' a pas que des défauts : )

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